H.G. Wells : L’Homme invisible
10/06/2022
Herbert George Wells (1866-1946) est un écrivain britannique surtout connu pour ses romans de science-fiction comme La Machine à explorer le temps, L'Île du docteur Moreau et La Guerre des mondes. Il est également l'auteur de nombreux romans de satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques et sociales ainsi que d'ouvrages de vulgarisation touchant aussi bien à la biologie et à l'histoire qu'aux questions sociales. Il est considéré comme le père de la science-fiction contemporaine. L’Homme invisible date de 1897.
Je pensais le dossier Wells classé ayant lu ses principaux romans depuis belle lurette, c’était sans compter sur ces challenges initiés par des blogs, forçant gentiment les volontaires à lire les ouvrages d’un écrivain ou d’un thème bien précis. A cette occasion et à ma plus grande surprise j’ai réalisé que je n’avais jamais lu L’Homme invisible ! Pourquoi, ne me demanderez-vous pas ? Tout simplement, vous répondrais-je néanmoins, parce que très jeune j’avais fréquenté le personnage dans mes bandes dessinées, une série télé en 1962 et ce film avec Claude Rains datant de 1933, ce qui me bloque toujours pour une lecture a posteriori. Voilà, voilà.
Londres. Après de longues années de travaux et recherches scientifiques, Griffin découvre comment rendre un homme invisible, lui en l’occurrence ! Si la science a du bon, elle a aussi ses inconvénients et si l’on n’en mesure pas les conséquences à l’avance, comme Griffin, on se retrouve vite dans de sales draps. Poursuivi par ses créanciers il doit fuir et c’est à poil pour être invisible qu’il leur échappe mais la tenue d’Adam quand on est en hiver et qu’il neige, c’est pas terrible. Et là, l’engrenage fatal se met en branle. Ne pouvant dévoiler son identité à quiconque car inspirant la peur, il vole et frappe des innocents, se lançant dans une folle cavale…
De tous les sujets de SF revenant sans cesse dans la littérature depuis ses inventeurs jusqu’à aujourd’hui, aliens aimables ou pas, personnages dotés de pouvoirs particuliers etc. l’invisibilité me paraît la plus éculée car difficilement renouvelable. Félicitations à H.G. Wells pour l’avoir mise en valeur avec ce roman - et non pas, réellement inventée puisqu’on on en trouve des traces dans les légendes et mythologies - mais il faut faire de gros efforts de nos jours pour retirer de cette lecture le même plaisir teinté d’effroi qu’elle devait déclencher à l’époque de l’écrivain.
Du coup, avec mes lunettes de maintenant, je me suis bien amusé avec les scènes burlesques de bagarres, dignes de Charlot ou de Max Linder, de chapardages où les volés voient les objets s’animer seuls devant leurs yeux etc. En tant qu’adulte, j’ai cru voir au début de l’ouvrage mais à tort par un réflexe de lecteur, une métaphore où cet homme invisible et de surcroit albinos, donc terriblement autre, effraie la société, génère des rumeurs insensées, tout ce sous-texte qui devrait (?) être la marque des bons romans… blablabla… Par contre j’ai vite déchanté sur l’homme, car il va vite s’avérer de peu de morale avant de monter en puissance dans le genre folie délirante « La ville est sous ma domination, à moi, et je suis la terreur ! » Disons-le tout net : l’Homme invisible est un sale mec.
Un très bon roman devenu un classique mais qui aujourd’hui a beaucoup perdu de l’idée géniale de son auteur, même si à titre personnel on peut rêver à toutes les bonnes blagues qu’on pourrait faire autour de soi avec ce pouvoir !
« Cet homme s’est mis hors de l’humanité, je vous dis. Il établira le règne de la terreur dès qu’il aura surmonté l’émotion du péril auquel il vient d’échapper. J’en suis sûr comme je suis sûr d’être là et de vous parler. Nous n’avons chance de réussir que si nous prenons les devants. Il s’est retranché lui-même du genre humain : que son sang retombe sur sa tête ! »
H.G. Wells L’Homme invisible Le Livre de Poche - 283 pages -
Traduit de l’anglais par Achille Laurent
6 commentaires
Il me semble déceler quelques bémols, non?
Oui, on rêve parfois d'invisibilité, mais réversible, et puis chaudement habillé. Mais je peux te dire qu'à un certains moment de la vie, aux yeux de bien plus jeunes, on est doté d'une cape d'invisibilité (parfois pratique). Mais ceci est u n autre débat. ^_^
Bémols, oui ! Car ce roman de Wells est celui qui a le plus mal vieilli. On peut encore y trouver un certain plaisir, comme moi, mais au second degré. Par contre, il y a dans cette lecture quelque chose qui m’a beaucoup frappé, dans mon esprit l’Homme invisible était un type sympa, ce qu’il n’est pas dans le roman !
Du coup, j'ai avancé la mise en ligne de mon commentaire à ce soir puisque c'est maintenant qu'ont lieu les discussions sur ce roman. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Je trouve qu'il y a en particulier une vraie épaisseur psychologique pas si courante dans un roman de SF de l'époque. Cet homme invisible est antipathique mais aussi pathétique.
Pathétique au début peut-être mais, et ce fut pour moi la surprise en lisant ce bouquin, dans mon esprit l’Homme invisible était un type sympa, ce qu’il n’est pas dans le roman !
C'est vrai que Mr Griffin n'est pas un "héros positif"... On se dit souvent qu'il a raté ici ou là une bifurcation, pris la mauvaise décision (etc.).
Pour ma part, je n'ai pas encore vu de film ni lu de BD tirée de L'Homme invisible. Je vais tâcher de le faire avant le 31 juillet et la fin de notre "Mois Wells!
Merci pour votre participation. Et, au-delà des oeuvres le plus connue d'H. G. Wellss, c'est une bonne occasion d'en découvrir bien d'autres.
(s) ta d loi du ciné, "squatter" chez dasola
Une bonne idée ce mois Wells puisqu’il m’a permis de lire « L’Homme invisible » ce que mon esprit pensait avoir déjà fait !
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