Henry Beston : La Maison au bout du monde
18/07/2022
Henry Beston, né Henry Beston Sheahan (1888-1968), est un écrivain et naturaliste américain. En 1912, Beston devient professeur à l'université de Lyon avant de revenir à Harvard en 1914 comme assistant au département d’anglais. Il rejoint l'armée française en 1915 et sert comme ambulancier. Après la fin de la Première Guerre mondiale, Beston commence à écrire des contes de fées. Il épousera Elizabeth Coatsworth, une autre auteure de littérature pour enfants avec qui il a eu deux filles. La Maison au bout du monde (1928) vient d’être rééditée.
En 1925, Henry Beston fait construire une petite maison de deux pièces, modeste mais confortable, près des plages de Cap Cod dans le Massachusetts. L’idée de départ étant d’en faire une sorte de maison de campagne. Mais séduit par les lieux, il décide d’y vivre durant une année entière, seul, au plus près de la nature afin de l’étudier et de prendre des notes. Trois ans plus tard, alors qu’il a fait connaissance d’Elizabeth Coatsworth, découvrant ces documents, celle-ci est intransigeante, s’il veut l’épouser, il doit les faire publier ! Cet ouvrage est donc le fruit de ses observations.
Beston regarde, écoute, sent, observe tout ce qui l’entoure. En bord de mer et à cet endroit, les oiseaux migrateurs ou non, sont sa matière première. Le reste de la faune locale reste marginale. Et puis il y a cet océan, le bruit des vagues et du ressac toujours différent, les tempêtes qui occasionnent des naufrages avec leur lot de noyés et de rescapés, et le sort des marchandises ou des bâtiments eux-mêmes. Les garde-côtes ont de l’ouvrage, hors catastrophes, ils sillonnent pédibus le littoral et surveillent par tous les temps ce qui se passe. Beston s’en fait des amis et régulièrement on se rend une courte visite, ponctuée d’une tasse de café brûlant. Les saisons passent, les jours succèdent aux nuits, toutes ces étapes temporelles proposent de nouvelles observations pour notre naturaliste jamais rassasié.
Certains passages scientifiques, énumérations trop longues, alourdissent le texte à mon goût, mais c’est aussi le sujet du bouquin de Beston ! L’homme écrit très bien et de vivre au plus près de la nature le rend philosophe et pessimiste : « Les grands rythmes de la nature, de nos jours si stupidement ignorés… », ou parlant de l’air des villes « seul un homme factice peut la trouver respirable », à moins qu’il ne s’afflige du mazoutage des oiseaux marins, déjà à cette époque ! Avant de conclure par cet avertissement « Ayez le respect de la terre, sinon vous n’aurez pas celui de l’âme humaine. »
Ce livre est devenu avec les années un classique, sans cesse réédité. On ne peut que s’en féliciter, tout en constatant amèrement que les plus beaux livres prémonitoires ne changent pas vraiment le monde… ?
« L’occasion de contempler et d’étudier en toute tranquillité les phénomènes naturels – ou, mieux encore, selon la vieille expression biblique, les « œuvres puissantes » de la nature – constitue pour tout homme une chance qui mérite d’être accueillie avec une respectueuse gratitude. Ici, enfin, dans le silence et la solitude de l’hiver, j’entrais en possession de tout un pays, dont la vie naturelle la plus secrète retrouvait ses rythmes primitifs, sans être troublée ni entravée par les interventions de l’homme. »
Henry Beston La Maison au bout du monde Editions Corti Biophilia - 188 pages -
Traduction de Marguerite Faguer et Germaine Klenowski (1953) légèrement amendée.
2 commentaires
Corti biophilia, bonne collection! Je ne connaissais pas ce titre ni l'auteur.
C’est un classique dit l’éditeur mais moi non plus je n’avais jamais entendu parler de ce bouquin… Une lecture très agréable mais très légèrement moins bien que ce que j’en espérais sans que je puisse mettre une explication précise sur cette sensation. Ceci dit, si tu le trouves ça te plaira.
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