William Irish : Le Diamant orphelin
19/06/2023
William Irish (1903-1968) est le pseudonyme de Cornell Woolrich, écrivain américain. Son premier roman paru en 1926 est influencé par l'œuvre de Francis Scott Fitzgerald et peu après, il est engagé comme scénariste à Hollywood pour travailler sur l'adaptation de son deuxième roman paru en 1927. Il se marie en 1930 avec Violet Virginia Blackton (1910-1965), fille du producteur de film muet James Stuart Blackton, mais cette union est un échec et il divorce au bout de trois mois. Il retourne alors vivre chez sa mère avec qui il vivra jusqu'à sa mort, dans le même appartement d'Harlem. Jusqu'en 1940, les éditeurs refusant de publier ses romans policiers, il fait paraître dans des pulps près de 350 nouvelles sous trois noms différents : William Irish, George Hopley et son vrai nom. Il se spécialise alors dans le genre policier et connaît enfin le succès à partir de 1940, avec La mariée était en noir et surtout Lady Fantôme, adapté au cinéma par Robert Siodmak dès 1944 sous le titre Les Mains qui tuent. Sa mère meurt en 1957, il s'isole de plus en plus, sombre dans l'alcoolisme, continue d'être miné par la culpabilité d'une homosexualité latente. Il ne sort plus de la chambre d'hôtel où il passera onze années dans une totale solitude. Atteint de gangrène, due à son diabète, il est amputé d'une jambe et traîne ses derniers années dans un fauteuil roulant avant de mourir d’une attaque cardiaque. De nombreux metteurs en scène ont adapté les romans et nouvelles de ce maître du suspense, notamment Alfred Hitchcock pour Fenêtre sur cour, d'après la nouvelle éponyme, et François Truffaut à deux reprises pour La mariée était en noir et pour La Sirène du Mississipi.
Le Diamant orphelin qui vient de paraître, est un recueil de huit nouvelles, écrites entre 1935 et 1942. Le point essentiel à en retenir si vous envisagez de le lire, ces nouvelles policières sont franchement invraisemblables mais on l’oublie facilement car ce n’est pas le but recherché par William Irish, par contre on admirera son imagination fertile pour le sens de la chute qui retourne souvent l’intrigue comme un gant, et surtout son sens de l’humour (« … emportèrent le corps pour le livrer au médecin légiste qui allait se permettre avec lui diverses privautés »).
Quelques exemples du contenu de ce recueil : Un tueur engage un spécialiste des alibis pour le couvrir mais il se fera condamner pour un crime dont il est innocent (On change de victime) ; Un médium aide la police à élucider un meurtre, oui, mais de quel meurtre exactement ? (J’ai tout vu !), ce texte est particulièrement amusant ; Un cadavre dans une chambre d’hôtel, énigme résolue grâce à un chewing-gum (Ça coince) ; Un client de restaurant se trompe de chapeau en repartant, ça lui coûtera la vie (Le Chapeau qui chantait) etc.
Vous l’avez compris, une lecture qui n’est pas indispensable mais qui procure beaucoup d’amusement.
« Il n’y a qu’elle qui puisse l’identifier ou le réclamer. Une fois qu’elle est liquidée, c’est un diamant orphelin, un diamant sans propriétaire. Personne n’est au courant de rien, sauf nous. Personne n’est même foutu de le décrire précisément, sauf nous. (…) Il y a deux points importants, dit-il en guise de résumé. S’assurer qu’elle n’ira pas le réclamer. Et après, avoir la patience d’attendre six mois pour le récupérer, en bonne et due forme. Et rappelez-vous que ça a un gros avantage : au bout de six mois, il est à nous légalement. » [Le Diamant orphelin]
William Irish Le Diamant orphelin Folio - 285 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurette Brunius
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