Franz Bartelt : Hôtel du Grand Cerf
17/08/2023
Franz Bartelt, né en 1949, est un romancier, nouvelliste, poète, dramaturge et feuilletoniste français. C’est à partir de 1995 qu’il connaît la consécration avec la publication de ses romans, bien reçus par la critique et dont certains sont sélectionnés pour des prix littéraires : Les Fiancés du paradis (1995), La Chasse au grand singe (1996), Le Costume (1998), Les Bottes rouges (2000), Le Grand Bercail (2002) et Terrine Rimbaud (2004). A ce jour, une quarantaine d’ouvrages à son actif dont cet Hôtel du Grand Cerf daté de 2017.
Reugny, un village des Ardennes belges. Jeff Rousselet, douanier à la retraite, vient d’être assassiné et l’inspecteur Vertigo Kulbertus est chargé de l’affaire. De son côté, Nicolas Tèque, journaliste, enquête à la demande d’un producteur de cinéma en vue d’un éventuel documentaire, sur le décès suspect d’une actrice en 1960, il y a une quarantaine d’années, noyée dans sa baignoire, dans sa chambre de l’hôtel du Grand Cerf à Reugny. Deux enquêtes sans rapport apparent, deux hommes bien différents, et des cadavres qui vont se mettre à pleuvoir dans un si petit bled…
Un excellent polar sous le signe de l’humour !
Comme d’habitude je n’entre pas dans le détail de l’intrigue et encore moins de son dénouement, dont nous dirons qu’il est complexe/tarabiscoté, vous choisirez car de toute manière, ce n’est pas le plus important. Ce qu’il faut retenir et ce qui va vous inciter à lire ce polar, c’est l’écriture et le ton, car c’est franchement très amusant et fort bien écrit.
Les personnages du roman sont très nombreux, les liens entre les uns et les autres plus serrés qu’on ne le croit au départ et les deux enquêtes vont se relier comme on s’en doute. A la manœuvre, Vertigo Kulbertus, une figure de flic inoubliable, à quelques jours de la retraite : « L’inspecteur Vertigo Kulbertus constituait à lui seul, du moins en volume, la moitié des effectifs de la police belge » car le malheureux est obèse, gravement obèse, se nourrissant de frites et fricadelles à chaque repas, avec plusieurs litres de bière (sans mousse !), mais le gars est malin, « Il cachait son jeu sous des manières loufoques », n’hésitant pas à troubler un suspect en l’interrogeant de but en blanc sur ses hémorroïdes !
Humour (« Ils poireauteront, bien sûr. Mais n’est-ce pas la vocation des gens qui savent ce qu’est un potager ? », quelques passages flirtant avec du Michel Audiard, jolies formules (« Un assassin sans alibi, c’est un pompier sans échelle » ou bien encore « La bulle de champagne, c’est du vide avec du vin autour »), digressions divertissantes grâce à cette belle écriture tirant le lecteur jusqu’à ce dénouement parfaitement immoral mais très jouissif.
Bref, j’en redemande.
« Ma méthode, avait expliqué le policier, c’est de ne pas avoir de méthode. Ce que je veux, c’est mettre ce village sens dessus dessous. Que personne n’y comprenne plus rien. Qu’on ne sache plus qui cherche qui, qui a tué, qui n’a pas tué. Je mets tout le monde dans le même sac. Je créé la panique. (…) Ils me prennent pour un dingue. Mais quelque chose en eux les somme de se méfier de moi. (…) Parce qu’ils savent qui a tué Rousselet. Ils le savent. Et ils savent pourquoi. »
2 commentaires
Je vais le lire (ou relire, je ne me souviens plus) sous peu.
Bonne (re)lecture, tu vas bien t’amuser…. Et merci, car c’est chez toi que j’ai découvert cet écrivain !
Les commentaires sont fermés.