Lilia Hassaine : Panorama
28/08/2023
Lilia Hassaine, née en 1991, est une journaliste française, romancière et chroniqueuse dans l'émission de télévision, Quotidien. Après des études littéraires elle intègre en 2013 l'Institut français de presse dont elle sort diplômée. Elle travaille pour Arte, Le Parisien et Le Monde. Panorama, son troisième roman, vient de paraître.
En France en 2050. Trente ans plus tôt, après une semaine d’émeutes insurrectionnelles, une avocate lance le mouvement Transparence citoyenne : les institutions sont démantelées, les lois et les décisions de justice discutées et votées par le peuple. Pour aller au bout de la logique de transparence, désormais les habitations sont en verre et chacun vit sous le regard des autres dans une société sous autosurveillance.
C’est dans ce contexte qu’Hélène Dubern, ex-commissaire de police, mais aujourd’hui on dit gardienne de protection, reprend du service pour retrouver un couple et leur petit garçon, Milo disparus. Mystère d’autant plus épais qu’ils vivaient à Paxton, un quartier particulièrement surveillé avec ses patrouilles de citoyens et gardiens aux entrées.
Roman policier pour l’intrigue qui court d’un bout à l’autre du livre ; intrigue assez biscornue, voire tarabiscotée, basée sur la vengeance après qu’un enfant ait été tué de longues années plus tôt… Avec une Hélène quittée par son mari cavaleur et une fille adolescente vivant comme telle… Ça se lit sans déplaisir et sans plaisir particulier non plus, la lecture file vite et souplement sous la plume concise de l’écrivaine.
Par contre, là où le bouquin est nettement plus intéressant, c’est comme vous l’avez compris, sur le monde et la société qu’est devenue la France. Lilia Hassaine la joue fine à travers son personnage d’Hélène, femme de bon sens. Sans appuyer avec trop de vigueur mais en disant simplement ce qu’il en est de ce nouveau monde, ses prémices que nous vivons aujourd’hui, sous sa plume, mettent à nu leur inanité ou leur ridicule : les réseaux sociaux comme Instagram qui nous montrent la voie de la fin de l’intimité, comme les Open space placent les travailleurs sous l’œil des autres et du patron ; les influenceuses « ces filles aux mines enjouées, payées par des marques pour s’extasier devant tout et n’importe quoi » ; la télévision et son émission populiste de parodie de justice populaire, « Vous pouvez voter directement sur les réseaux sociaux les chéris » etc.
Cette société transparente a ses bons côtés mais son harmonie affichée n’est que relative et « c’est le paradoxe de cette situation, l’utopie d’une société sans secrets nous condamne au mensonge. »
Un roman plutôt pas mal, qu’on se hâtera de lire avant que la réalité ne dépasse la fiction et qu’on pourra classer sur les étagères de sa bibliothèque, à côté par exemple de Sauvagerie de J.G. Ballard.
« Ce que je peux vous dire, c’est qu’à Paxton les enfants sont parfaits, atrocement parfaits. Rien n’est plus criminel que la perfection, dans ce qu’elle a de figé, d’achevé, de définitif. Je vois tous les jours des écoliers sûrs d’eux, qui perçoivent le monde comme un quadrillage, où la ligne de démarcation entre le bien et le mal est absolument claire. Chez eux nulle place pour le doute, l’incertitude ou l’ambiguïté. Leur rigorisme moral m’effraie. »
2 commentaires
Elle était hier à un 'salon du livre' où j'ai bien craqué, mais cependant son livre sera en bibli, alors... calme!
Il n'y a jamais d'urgences... Ce n'est pas non plus le chef d'oeuvre du siècle mais c'est un bon bouquin.
Les commentaires sont fermés.