Marcel Aymé : Nouvelles
07/09/2023
Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane).
Un billet un peu particulier puisque j’évoquerai ici deux nouvelles extrêmement courtes de l’écrivain : Le Train des épouses (1933) et Augmentation (1930).
Dans la première, Marcel Aymé ne manque pas d’imagination si on a bien en tête que le texte date de 1933, les femmes travaillent et les hommes restent au foyer ! Inversion parfaite des rôles jusqu’alors convenus dans nos sociétés. L’été, les hommes ont quitté Paris et prennent le frais dans une petite localité normande des bords de mer, le samedi leurs épouses les rejoignent – si leur travail ne les retient pas, et débarquent par le train de fin d’après-midi (« Alors mon chéri, tu vas bien ? Tu ne souffres pas trop de la chaleur ? Pauvre mignon ») pour le week-end. Si ces retrouvailles plaisent à certains, d’autres doivent s’organiser habilement pour dissimuler leur infidélité estivale…
C’est très amusant, le déplacement des propos des femmes placés dans la bouche de leur époux et l’inverse, créent une ambiance désopilante.
Dans la deuxième nouvelle, Antoine Lesauveur, droguiste de son métier, demande à son jeune commis Dominique, de monter dans ses appartements car il y a oublié le sac de monnaie. Il lui précise de le faire très discrètement car son épouse, très fatiguée se repose dans sa chambre. Le commis s’exécute mais trahit sa présence d’un bruit imprévu, l’épouse réveillée sort de la chambre en chemise de nuit, à moitié nue, et appelle « Jules, c’est toi ? », le commis se sauve. Imbroglio, Dominique est contraint de tout dire à son patron, les deux hommes en concluent que la chipie attendait son amant, mais qui est ce Jules ? L’époux, gouteux, demande à Dominique de remonter discrètement encore pour les surprendre mais la situation va prendre une tournure inattendue, l’épouse se jette dans les bras du commis pour vous devinez quoi. Revenu de sa mission, Dominique annonce qu’il n’y a personne avec l’épouse et que cette histoire de « Jules » devait être une erreur. Heureux, Antoine augmente son commis et lui demande de remonter régulièrement et discrètement surveiller sa femme : « « Pour vous servir, monsieur Antoine » consentit Dominique avec une hypocrisie encore mal assurée. »
Vous l’avez compris, encore un billet pour inciter ceux qui n’ont pas encore lu Marcel Aymé à le faire sans tarder.
« Pour dire toute la vérité, ces victimes du féminisme sont d’heureuses victimes, et leur sort est bien fait pour exciter l’envie. Il n’y a pas un homme qui, après avoir vécu de leur vie pendant seulement un mois, ne devienne enragé féministe. Je ne connais point de bonheur qui se puisse comparer au leur ; l’on est en effet surpris de rencontrer chez ces gens la libre insouciance de l’enfance et la sérénité de l’âge mûr dont ils ignorent résolument les pénibles responsabilités. » [Le Train des épouses]
Marcel Aymé Gallimard La Pléiade Œuvres romanesques complètes Tome 1
2 commentaires
Cela me rappelle les nouvelles lues récemment, à découvrir en effet!
Lisons Marcel Aymé ! Je répète lisons Marcel Aymé ! Je répète etc.
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