Dan Chaon : Somnambule
18/03/2024
Dan Chaon, né en 1964 à Sidney dans le Nebraska, est un romancier et nouvelliste américain. Il enseigne à l’université Oberlin de Cleveland (Ohio), où il vit aujourd’hui. Somnambule, son quatrième roman, vient de paraître.
Will Bear, notre héros, sillonne les Etats-Unis à bord d’un mobil-home en compagnie de son chien Flip, un pit-bull sauvé des combats canins. Si Will est immédiatement sympathique au lecteur, nous découvrons petit à petit que ce n’est pas un enfant de cœur, il bosse pour une organisation criminelle et a déjà plusieurs meurtres à son compteur, dont sa propre mère ! Ces surprises surgissant impromptues de page en page, nous constatons que ce pays n’est pas celui d’aujourd’hui mais d’un futur probable très proche où drones de surveillance, caméras à reconnaissance faciale, robots etc. sont monnaie courante.
Si Will sillonne le pays c’est parce qu’il est poursuivi par une ou plusieurs organisations qui lui en veulent, aussi son voyage se passe-t-il en mode incognito, multiples identités, routes non surveillées et à ses côtés, un seau plein de portables à carte prépayée. Et justement, ces téléphones de se mettre à sonner ! Réticent à répondre mais alarmé que tous sonnent et qu’il soit démasqué, Will répond : celle qui l’appelle, se prétend sa fille biologique et être en danger ! Est-ce un piège tendu par ses ennemis ?
Presque un bon roman.
Le début est très bien, informations divulguées au compte-goutte, que ce soit sur l’état du pays ou bien sur le passé de Will. Néanmoins le roman restera toujours dans une sorte de flou général, ce qui n’est pas obligatoirement un défaut, mais qui in fine laissera le lecteur perplexe : quelles sont les causes ayant conduit le pays à ce chaos ? Même l’intrigue n’est pas très claire.
Par ailleurs, Will ayant séjourné en hôpital psychiatrique dans sa jeunesse, tout ceci ne découle-t-il pas d’une parano gentiment entretenue par l’usage des drogues douces qu’il consomme ? Complotisme, suprémacisme, hackers, espionnage quotidien par les technologies modernes, Will nous entraine dans son périple fou guidé par la voix de sa fille au téléphone. Un récit qui se complique quand il sera question de trafic d’ADN, de clonage et de cryogénie, de secte. La question identitaire met Will dans une situation déstabilisante et le renvoie à son passé quand plus jeune, pour se faire de l’argent, il a vendu son sperme…
Je pouvais accepter tout cela car le récit est mené promptement et ce « koikispasse ? » me tenait assez éveillé pour arriver au dénouement. Las ! La fin est ratée, d’une nunucherie affligeante, à moins que ce ne soit un pastiche ? Dommage.
« Nous faisons tous de notre mieux pour essayer de comprendre ce qui se passe. Nous préférerions tous que le monde soit raisonnable et logique, mais il s’y refuse. C’est pour ça que même les gens normalement intelligents comme ma fille Cammie adhèrent à des idées incroyables. Après la disparition de la presse écrite, beaucoup de choses qui nous semblaient communément admises – les vérités que nous avions en partage – ont commencé à disparaître elles aussi, et même les fondements de la science et des mathématiques, même les évènements filmés et corroborés par des dizaines de témoignages sont devenus sujets à caution. »
Dan Chaon Somnambule Albin Michel - 369 pages -
Traduit de l’américain par Hélène Fournier
2 commentaires
Dommage... j'ai beaucoup aimé "Une douce lueur de malveillance".
Je n’ai pas lu ce roman mais j’ai toute confiance en tout jugement donc un auteur avec des hauts et des bas… qui oblige à bien réfléchir avant de faire un choix de lecture.
Les commentaires sont fermés.