Honoré de Balzac : Une Ténébreuse affaire
12/08/2024
Honoré de Balzac (1799-1850) est un romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles, réunis sous le titre La Comédie humaine. A cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq œuvres ébauchées. Une Ténébreuse affaire roman faisant partie de La Comédie humaine a été publié en 1841.
Arcis-sur-Aube, dans le département de l'Aube en région Grand Est durant l’époque napoléonienne. Michu, régisseur de ses anciens maîtres les Simeuse, guillotinés pendant la Révolution, cache leurs biens et aide les deux frères jumeaux réfugiés à l’étranger dans un premier temps mais tout juste rentrés en France, de Fouché qui envoie deux policiers, Corentin et Peyrade pour les débusquer. De son côté, Laurence de Cinq-Cygne, recueillie par les Hauteserre, communique avec les Simeuse en vue d’un complot royaliste assez obscur et financé par l’aristocratie étrangère hostile à Napoléon…
Certains ont vu dans ce livre, le premier roman policier de la littérature française, mouais peut-être, il y a effectivement un angle policier ou d'espionnage là-dedans et c’est certain qu’il ne manque pas de rebondissements, d’action et de trahisons. Pour le philosophe Alain (1868-1951) c’est le roman de Balzac « le plus difficile à lire », ce à quoi je souscris entièrement.
Roman complexe à lire car sous un abord policier ou d’espionnage, il s’agit surtout d’un bouquin politique où s’imbriquent les restes de la Révolution et l’aristocratie qui tente de résister à l’empire de Napoléon. Chaque camps à ses variantes, extrémistes et modérés, et certains prêts à retourner leur veste si les circonstances leurs sont défavorables. Alors si vos connaissances historiques de l’époque sont basiques il faut s’accrocher.
Cette intrigue compliquée est néanmoins portée par l’écriture enthousiaste et irrésistible de l’écrivain, avec au cœur de celle-ci un Napoléon discret mais qui survole le tout comme un aigle (of Corse !).
« Quelque adroite qu’elle soit, la Police a d’innombrables désavantages. Non seulement elle est forcée d’apprendre tout ce que sait le conspirateur, mais encore elle doit supposer mille choses avant d’arriver à une seule qui soit vraie. Le conspirateur pense sans cesse à sa sûreté, tandis que la Police n’est éveillée qu’à ses heures. Sans les trahisons, il n’y aurait rien de plus facile que de conspirer. Un conspirateur a plus d’esprit à lui seul que la Police avec ses immenses moyens d’action. En se sentant arrêtés moralement comme ils l’eussent été physiquement par une porte qu’ils auraient cru trouver ouverte, qu’ils auraient crochetée et derrière laquelle des hommes pèseraient sans rien dire, Corentin et Peyrade se voyaient devinés et joués sans savoir par qui. »
4 commentaires
En tout cas mon impression de roman palpitant (sauf peut etre la fin un poil historique, faut connaitre) m'avait frappée!
Palpitant, c’est certainement aussi pourquoi certains y voient le premier polar de la littérature française, mais néanmoins complexe à lire à mon avis. En tout cas je déconseille à un jeune lecteur d’attaquer Balzac avec ce titre.
Commentaire déposé au nom de Book’In d’Ingannmic :
J'ai lu ce titre dans un recueil comportant trois autres textes de Balzac considérés comme des "polars". Mon avis rejoint parfaitement le tien puisque voici la conclusion de mon billet : "On se laisse porter sans peine par l’intrigue à rebondissements, malgré un contexte politique dont les subtilités nous échappent parfois."
Nous sommes en parfaite harmonie... !
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