Laure Murat : Proust roman familial
10/07/2025
Laure Murat, née en 1967 à Paris, est une historienne et écrivain française. Son champ d'études s'étend à l'histoire de la culture, l'histoire de la psychiatrie, les études de genre. Elle est actuellement professeure au « Département d'études françaises et francophones » de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA).
Proust, roman familial est un essai autobiographique paru en 2023. Essai autobiographique puisque la famille de Laure Murat et Marcel Proust se sont croisés, leur monde offrant de multiples similitudes dont l’écrivaine va servir pour en faire un essai sur l’aristocratie et ses codes.
Précisions obligatoires pour bien comprendre d’où est issue Laure Murat : Elle est la fille du prince Jérôme Gaëtan Michel Joachim Napoléon Murat (1925-1998), écrivain et producteur de films, et d’Inès d’Albert de Luynes, historienne et biographe. Son père était donc un membre de la maison Murat, originaire du Quercy, qui a été titrée en 1805 par l'empereur Napoléon Ier en la personne de Joachim Murat, maréchal de France, fait prince de l'Empire et prince français. Quant à sa mère, Inès Simone Jeanne Marie Thérèse Charlotte de Luynes Unzué, c’est la fille aînée de Philippe d'Albert, duc de Luynes (1905-1993), et de Juanita Dorrego Unzué (1914-1993). Un pedigree bien cossu qui explique clairement la vraisemblance de rencontres ou proximité avec Marcel Proust dans les salons ou dîners parisiens de l’époque et leurs fréquentations communes.
De son côté, Laure Murat est une grande admiratrice de l’œuvre de Proust et elle a lu plusieurs fois La recherche du temps perdu, qu’elle connaît parfaitement, ayant également consacré un nombre important d’articles à l’écrivain dans le passé.
Pour l’écrivaine, ce livre n’est pas un livre mais LE livre car a influencé sa vie et sa compréhension de son milieu aristocratique. Cet essai lui permet d’expliquer et de comparer son parcours personnel, à l’aune de l’extraordinaire texte de Marcel Proust. Marquée par une éducation stricte et des attentes familiales rigides, la littérature de Proust lui a permis de se libérer et de fuir ces contraintes dans un milieu où les émotions sont réprimées et les apparences primordiales. Cette lecture lui a permis de comprendre et d’accepter son identité (elle est homosexuelle et ça nous donne des passages terribles comme cet instant où elle l’avouera à sa mère, intransigeante et ferme)) malgré les conflits familiaux et les attentes sociales.
Ce serait trop long de tenter d’aborder tous les sujets traités dans ce bouquin : l'aristocratie et ses codes, la littérature procurant des émotions profondes etc. Pour Laure Murat, La Recherche du temps perdu est un miroir lui renvoyant l’image de sa propre vie.
Quand ce livre est paru, le mot « Proust » au pouvoir attractif puissant pour moi, avait attiré mon regard mais je ne pensais pas le lire pour autant, et puis hasard heureux, je m’y suis plongé : c’est une pure merveille d’intelligence (parfois complexe à lire), une autre approche de lecture de l’œuvre de Proust, et ça vous donne une féroce envie de vous replonger dans La Recherche, un bouquin faut-il le répéter sans cesse, qui est à la portée de tous et absolument pas « ennuyeux » à lire comme le voudrait la rumeur… qui comme toute rumeur ne sait rien !
Résumons, il faut lire Laure Murat et Marcel Proust.
« Pour ténus qu’ils soient, les quelques fils de la Vierge tissés entre Proust et ma famille, qu’il s’agisse des Murat ou des Luynes, dessinent un univers où se retrouvent la plupart des ingrédients de la société aristocratique de la Belle Epoque décrite dans La Recherche : les mariages d’argent, les tensions entre noblesse d’Ancien Régime et noblesse d’Empire, les croisements avec le « sang juif », les détours clandestins par Sodome… »
Laure Murat Proust, roman familial Robert Laffont - 250 pages -
4 commentaires
Proust, j'ai essayé, mais je n'y arrive pas.... Murat m'attire davantage (même si ce n'est pas comparable) mais je suis surtout tentée par son dernier titre.
Je laisse Laure Murat te répondre : " Personne n’est obligé de lire Proust. Mais tout le monde perd à l’ignorer. »
On ne peut mieux dire...
Je te recommande aussi son dernier livre Toutes les époques sont dégueulasses..
Il est fort probable que je le lise car je l’avais signalé dans ma « Revue de presse de mai » ! Tu as bien fait de me le rappeler…
Écrire un commentaire