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Georges Simenon : Cour d’assises (05/12/2013)

georges simenonGeorges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes.

Son roman, Cour d’assises (1941), qui n’est ni un « Maigret », ni particulièrement connu, vient tout juste d’être réédité dans la collection Folio Policier. On notera que Simenon renonça à intituler Petit Louis, son roman Cour d'assises, après que Gallimard lui eut fait remarquer qu'il avait déjà un Petit-Louis dans son catalogue, sous la signature d'Eugène Dabit. Par ailleurs, le roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1987 par Jean-Charles Tacchella, avec Xavier Leduc et Anouck Ferjac. 

Petit Louis, vingt-quatre ans, est un petit proxénète, surtout frimeur, impliqué dans le casse d’une Poste sur la Côte d’Azur. Il s'installe à Nice chez une femme âgée dotée d'une jolie fortune, Constance Ropiquet, qui se fait appeler comtesse d'Orval. Peu de temps après, il héberge Lulu, qu'il fait passer pour sa sœur, en fait une prostituée arrachée à la coupe du nommé Gène. Après un moment de bonheur à trois, Petit Louis s'enfuit pour un temps à Cannes afin d'éviter les représailles du souteneur, mais lorsqu'il revient chez Constance, il trouve celle-ci assassinée. Il n'est pas douteux que le coupable est Gène. Pris de panique, Petit Louis fait disparaître le cadavre et les traces du meurtre. Profitant de l'occasion et subtilisant les biens de Constance, Petit Louis mène dès lors grand train sur la Côte comme si c'était lui, en somme, qui avait fait le coup. Bientôt cependant la police le repère et il est écroué. Commence alors pour lui un long procès qui n'est qu'une parodie de justice, tous les témoignages l'accusent, toutes ses actions se retournent contre lui. Il sera condamné à vingt ans de bagne pour un crime qu'il n'a pas commis.

Si je révèle la fin du roman, c’est qu’elle n’a pas réellement d’importance, dans le sens que ce n’est pas un roman à suspense. Georges Simenon n’écrit pas des intrigues très compliquées, ce n’est pas son propos, l’écrivain ici comme dans le reste de son œuvre s’attache plus aux lieux, aux sensations et surtout aux personnages. « Tous mes romans, toute ma vie, n’ont été qu’une recherche de l’homme nu » déclarait l’écrivain dans un entretien au Magazine Littéraire en décembre 1975.

 Si Cour d’assises n’est pas à proprement parler, un grand roman de Simenon, il en porte néanmoins toutes les caractéristiques. Son héros, Petit Louis, petit mac prétentieux au début du livre, nous devient plus sympathique au cour du procès, car s’il n’est pas blanc comme neige, du moins est-il innocent du crime dont on l’accuse. Et de voir ce gamin, tombé dans un traquenard ourdi par un Gène qu’on devine bien plus dangereux que lui, se faire broyer par une machine judiciaire aveugle et sourde aux évidences, soulignée par l’ironie de l’écrivain « Il y en avait qui, à huit ans de distance, donnaient des dates et jusqu’à l’heure de tel ou tel évènement », inverse les sentiments du lecteurs. Le machiavélisme de Simenon oblige le lecteur à assister à l’anéantissement inexorable de Petit Louis, tout en le persuadant qu’il ne mérite pas ce sort puisqu’il est innocent du crime dont on l’accuse. « Je ne crois pas qu’il y ait des coupables. L’homme est tellement mal armé pour la vie que le supposer coupable, c’est presque en faire un surhomme » dixit Simenon dans le même entretien.   

Si Cour d’assises est peut-être un roman mineur dans l’œuvre de Georges Simenon, il reste néanmoins une valeur sûre pour ceux qui veulent lire un bon bouquin.

 

« Car la solitude l’angoissait. Il aurait fait rire les assises en disant cela et pourtant c’était la vérité. La solitude lui était intolérable et il avait toujours été seul ! Sans doute n’était-ce pas la faute de la pauvre femme, mais sa mère n’avait jamais été une mère comme les autres et il se souvenait très bien qu’il n’avait pas cinq ans – qu’avait-il pu faire, bon Dieu ? – qu’elle lui disait déjà avec un accent pathétique : - Tu es la malédiction de ma vie ! »

 

 

georges simenonGeorges Simenon  Cour d’assises  Folio Policier

 

 

 

 

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