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J.M. Erre : La Fin du monde a du retard (12/02/2014)

J.M. ErreJean-Marcel Erre qui publie sous la signature J.M. Erre, est un écrivain français né en 1971 à Perpignan. Son premier roman Prenez soin du chien, date de 2006 et en 2012 il avait beaucoup fait parler de lui avec Le Mystère de Sherlock. Son tout nouveau roman, La Fin du monde a du retard vient de paraître en librairies.

Julius et Alice se sont évadés de la clinique psychiatrique Saint-Charles où ils étaient soignés pour amnésie. Julius est persuadé qu’un complot mondial se trame dans l’ombre et que c’est un nommé Tirésias qui en tire les ficelles. Alice est amnésique depuis que le jour de son mariage une explosion a anéanti toute la noce, sauf elle. Quand deux personnages étranges investissent la clinique, Julius comprend immédiatement que la menace est sérieuse, Tirésias l’a découvert et veux le faire taire. Désormais il faut fuir et comme il en pince pour Alice, Julius l’entraîne dans une trépidante et folle aventure. De péripéties en rebondissements inimaginables, nous ferons connaissance avec l’Ours, l’ami geek de Julius ou King Chewbacco le hacker, d’un groupe planqué dans les égouts attendant la fin du monde de décembre 2012 qui n’a pas eu lieu et côté police avec le commissaire Gaboriau à quelques jours de la retraite épaulé par son second, Matozzi, et puis il y a aussi un pigeon bizarre, et puis encore… Au pays du grand n’importe quoi, les faits s’enchaînent avec aisance et l’écrivain trouvera le moyen de mettre un terme à son roman, grâce à une mise en abyme finale très maline.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que JM Erre ne manque pas d’imagination, elle déborde, elle cavale et je suis même certain qu’il a dû tailler et couper dans son manuscrit original pour le ramener à des proportions acceptables. Et non seulement il a de l’imagination, mais il possède un stock d’humour qui ferait le bonheur d’un escadron de jeunes comiques en devenir. Or là, je suis obligé d’émettre la même remarque que celle soulevée pour son précédent roman, chaque page, chaque phrase même vous arrache un sourire au point que parfois – c’est la seule et minime critique que je ferais à ce livre – on se fatigue de cet humour potache à répétition. Le trop peut être l’ennemi du bien.

Tout y passe, les allusions permanentes, les clins d’œil divers, les références cinématographiques en avalanche, les dialogues savoureux (« - En réalité on m’a volontairement effacé la mémoire. - C’est possible ça ? Comment on efface une mémoire ? - Je vous le dis dès que je la retrouve. »), les formules qui font mouche (« La pénurie du potin »), les gags de situation etc. Passés les premiers chapitres de franche rigolade, la mécanique humoristique s’essouffle un peu, non par la faute de l’écrivain qui lui maintient le niveau des gags et astuces, mais c’est le genre littéraire adopté qui peine à tenir la distance. On ne peut pas rire perpétuellement, le lecteur doit reprendre son souffle.

Enfin dernière critique, JM Erre force sur l’humour facile alors que j’aurais préféré qu’il creuse plus certaines voies entrouvertes et d’une drôlerie plus subtile : son analyse de la théorie du complot, ses réflexions sur la littérature, sa vision du monothéisme, ses développements sur le rôle des mythes à partir de son interprétation de la caverne de Platon. Car dans ce registre l’écrivain sait aussi y faire, laissant ses personnages prêcher le faux pour pouvoir dire le vrai.

Vous l’avez compris, je critique parce que j’aime beaucoup JM Erre et son bouquin m’a énormément amusé. Néanmoins, si à l’avenir il pouvait opter pour quelque chose de plus subtil…

 

« Le top départ fut donné par Germaine qui ouvrit sa porte à toute volée. Comme nul être humain n’est assez armé pour affronter la sensualité trouble d’une Bergougnoux sans préparation psychologique, Albert et Raoul se figèrent sur place. Germaine avait revêtu sa toge en papier alu qui la protégeait des ondes électromagnétiques, son bonnet péruvien à réflecteurs multidirectionnels et ses Moon Boots antivarices stellaires. Son viatique pour le voyage intersidéral tenait dans un sac publicitaire Pampers à la gloire de la dignité des seniors. Elle le jeta  dans les bras de ses sauveurs en criant un voluptueux « Je suis toute à vous ».

 

 

J.M. ErreJ.M. Erre  La Fin du monde a du retard  Buchet-Chastel  - 400 pages -

 

 

14:03 | Tags : j.m. erre | Lien permanent | Commentaires (10) |  Facebook |