Edward Abbey : Le gang de la clef à molette
08/10/2012
Un titre génial pour un roman qui ne l’est pas moins et dont je me suis régalé tout au long de ses 486 pages. Paru en 1975 aux Etats-Unis ce bouquin est le terreau dans lequel l’écologie militante a pris ses racines et depuis il a été vendu à des millions d’exemplaires dans le monde. L’édition française reprend la version américaine complétée en 2004 par une préface de Robert Redford qui avait côtoyé l’auteur avant son décès en 1989. Edward Abbey qui a écrit de nombreux livres, fut l’un des premiers écologistes actifs aux Etats-Unis. A sa mort il a été enterré dans le désert et nul ne sait aujourd’hui où se trouve sa tombe, le genre de détail biographique qui ne peut qu’embellir la légende.
« Presque partout le paysage était dépourvu de routes, inhabité, désert. Ils avaient envie qu’il restât ainsi. Ils feraient tout pour cela. Pour le garder tel quel. » Et pour tout faire, ils vont tout faire les quatre membres du gang. Un ancien du Vietnam, un mormon polygame ainsi qu’un chirurgien et sa maîtresse délurée, vont se lancer dans une série de sabotages des ponts tendus entre les canyons et des énormes engins de travaux publics qui détruisent la nature millénaire pour construire les routes qui apportent la civilisation moderne. Bien entendu les autorités ne vont pas les laisser faire et la longue traque commence. Le récit se déroule dans les splendides paysages de l’Utah et de l’Arizona, ces déserts mythifiés pour nous autres Européens, par les westerns. L’écriture est précise et documentée, les détails techniques sur les bulldozers et les armes sont maîtrisés, les descriptions des paysages avec leur faune et flore révèlent un amoureux fou de cette terre vierge qui tend à disparaître inexorablement. Tant qu’il y a de la vie, il faut se battre mais les combats les plus beaux sont aussi les plus désespérés. « C’était donc le Vietnam qui continuait. Rien ne manquait sinon la végétation et Westmoreland, les putes et les drapeaux. Et moi comme dernier Viet dans la jungle. Ou le premier peut-être. »
Je vous conseille vivement de délaisser la lecture de mon blog pendant quelques temps afin de vous consacrer entièrement à la lecture de ce magnifique roman. Vous pourrez ensuite enchaîner avec Le retour du gang de la clef à molette où nos quatre héros se retrouvent pour un dernier combat contre la machine. Moins haletant que le premier volume mais tout aussi jubilatoire.
Edward Abbey : Le gang de la clef à molette chez Gallmeister
2 commentaires
Edward Abbey! que dire sinon que nous tenons là le plus jubilatoire des écrivains américains, subversif à souhait et grand visionnaire!
J'adore ce type!!!!!
C’est vrai qu’il y a des écrivains qu’on ne connaît que par leurs livres, mais avec lesquels on se sent en parfaite connexion. Un lien invisible qui nous relie à de parfaits inconnus en théorie, mais que leurs écrits révèlent. Cet Abbey m’est un paroissien familier !
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