Philip K. Dick : Les voix de l’asphalte
08/10/2012
On ne le dira jamais assez Philip Kindred Dick (1928-1982) fut l’un des plus grands écrivains de SF, on lui doit Le Maître du Haut Château ou encore Ubik par exemple et le cinéma a adapté certains de ses textes pour nous livrer Blad Runner avec Harrison Ford, Total Recall avec Arnold Schwarzenegger, Minority Report avec Tom Cruise etc. Pourtant Dick n’a pas fait que de la SF la preuve avec ce roman inédit qui vient de paraître alors qu’il avait été écrit au début des années 50. Les voix de l’asphalte nous replongent dans ces années de Guerre Froide et de guerre de Corée quand le communisme était l’ennemi mortel de tout américain moyen.
Nous sommes en Californie, Stuart Hadley, jeune marié avec un enfant en bas âge, répare des postes de télévision et son avenir dans le commerce de l’électronique semble assuré car son patron semble voir en lui son successeur. Pourtant quelque chose le ronge, une sorte de malaise existentiel. Pour combler ce vide en lui, il sera tenté par une secte évangélique, attiré par son charismatique leader Théodore Beckheim. Par la bande, il fera la connaissance de l’étrange Marsha Frazier, une femme anguleuse rédactrice d’une revue confidentielle tendant vers l’extrême droite. Là aussi une attirance morbide le poussera vers cette femme, à son corps défendant, jusqu’à ce qu’il la viole quasiment. Aucune de ces rencontres ne répondra à ses interrogations non formulées, ni cet homme, ni cette femme ne sauront calmer le feu qui couve en lui ou, comme l’écrivait Tolstoï « Je sentais en moi une énergie surabondante qui ne trouvait aucun exutoire dans notre vie tranquille ». Acculé, il tentera un baroud d’honneur autodestructeur, mais qui ne l’amènera qu’a recommencer une vie nouvelle en repartant de rien, éternel Sisyphe. Stuart Hadley n’est pas un héros sympathique, loin de là, et le roman n’est pas au-dessus de toute critique, certains passages sont trop longs alors que d’autres demanderaient à être plus fouillés, néanmoins le roman se laisse lire et surtout il nous donne à voir une autre facette du romancier américain.
« - Non, fit Hadley. Ca ne sert à rien d’élever des enfants pour qu’ils grandissent dans ce monde. Le jour où la bombe A nous tombera dessus, moi je serai en train de vendre un téléviseur… englué dans mon train-train habituel, comme une bête. Soucieux, il murmura : je n’y échapperai pas… Pete, lui, peut-être. Je ne sais pas. Peut-être que quelqu’un survivra. »
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