Robert Silverberg : Le livre des Crânes
08/10/2012
J’ai longtemps cherché en vain ce livre épuisé, j’avais noté ses références dans mon carnet puis le temps passant et la liste des nouveautés s‘allongeant sans cesse, je l’avais presque oublié. Presque seulement, car récemment j’ai constaté qu’il était de nouveau disponible, inutile de vous décrire le plaisir qu’il y a à dénicher un objet longtemps désiré.
Robert Silverberg est un célèbre écrivain américain de Science-fiction et Le Livre des Crânes écrit en 1972 est salué comme son chef-d’œuvre, parmi ses nombreux romans de grande qualité. Quand on évoque la SF, on pense à des histoires de mondes parallèles, de Martiens, de pouvoirs extrasensoriels et autres extravagances. Très souvent nous nageons dans ces eaux et j’ai longtemps fait mon miel de ce genre littéraire plus que respectable, avec Philip K Dick, Asimov, Matheson, Ballard et tous les autres, m’explosant les méninges à lire ces merveilleux délires qui repoussaient les limites des mondes connus. Pourtant ici avec ce roman catégorisé comme tel, Silverberg dépasse le genre et il faut l’écrire et le dire pour ne pas rebuter ceux qui ne sont pas friands de SF ; ne prêtez pas attention au titre de la collection qui classe cet ouvrage dans la SF, le côté fantastique n’est qu’un prétexte, un subterfuge d’écrivain roué, un contexte anecdotique pour dérouler son propos.
Quatre étudiants poussés par l’un d’eux qui a découvert un manuscrit inconnu au fond d’une bibliothèque universitaire, partent à la recherche du monastère de la Fraternité des Crânes où des moines détiendraient le secret de l’immortalité. Résumé ainsi, nous sommes effectivement dans le domaine de la SF mais le livre est une très belle étude psychologique de quatre jeunes adultes ainsi qu’un essai sur nos fantasmes, croyances et principes moraux. Chaque étudiant se fait récitant, à tour de rôle, et les chapitres sont chacun le reflet de leur vision de cette aventure. Des secrets sont libérés, Eros et Thanatos sont bien entendus présents et le livre se referme sur une question ouverte « Ont-ils découvert l’immortalité ? ». Du très grand art.
« Nous tournâmes et retournâmes le texte pendant des heures, laissant Ned y exercer ses muscles de jésuite, pour n’arriver enfin qu’à une seule signification possible, évidente et horrible. Il fallait qu’il y ait un volontaire au suicide. Et deux des trois survivants devaient assassiner l’autre. Tels étaient les termes du pacte. Fallait-il les prendre à la lettre ? Ou bien avaient-ils une valeur de symbole métaphorique ? »
Robert Silverberg Le Livre des Crânes Livre de Poche collection Science-fiction
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