Robert Coover : Noir
11/10/2012
Quel genre de livre viens-je de lire ? Je n’en ai aucune idée. Disons que cela ressemble à un polar avec un privé qui enquête sur des meurtres mais après trois pages vous commencez déjà à vous poser beaucoup de questions du genre dans quelle galère me suis-je embarqué, est-ce un roman d’humour écrit au troisième degré ? Les clichés du genre s’empilent les uns sur les autres, page après page, le détective avec le trench-coat et le chapeau mou, les clopes et les bouteilles d’alcool, la veuve en voilette noire et jambes galbées qui font chavirer le héros, les cadavres qui s’accumulent etc. nous sommes dans le polar à la Chandler mais en complètement décalé. L’intrigue qui n’est pas palpitante s’emberlificote dans des situations grotesques ou nous perd dans des passages rêvés par le détective et le dénouement est digne d’un cartoon.
Le style d’écriture est à l’avenant, phrases très courtes à la limite de la prise de notes parfois, sujet, verbe et complément pour les plus longues. Parfois on s’étonne de tomber sur un mot rare (vicarieusement - Ca existe ce mot ? - ou viverrin) et qui fait tache comme un poil de cul dans la soupe à l’oignon ! A l’actif de l’auteur, un certain sens de l’humour comme l’histoire de la pute que se disputent deux yakuzas, la tatouant chacun leur tour d’un message pour l’autre au point final d’en faire une œuvre d’art vivante.
Robert Coover est né en 1932, son premier bouquin date de 1966 et il anime des ateliers d’écriture très sophistiqués dans différentes universités aux Etats-Unis et en Europe. Je suppose que ce n’est pas Noir qui reflète le mieux son talent d’écrivain mais je concède qu’écrire un tel livre à plus de soixante-dix ans démontre une belle jeunesse d’esprit ce qui est tout à son honneur. Personnellement je n’ai néanmoins pas trouvé le rapport qualité/prix favorable à ce livre, je vous laisse donc seuls juges pour donner suite à cette chronique …
« Je ne sais même pas si tout cela est vrai Mr Noir. J’ai simplement l’impression qu’il faut que je vous voie et, pour cela, j’ai besoin d’une raison. La lumière s’emparait de ses mains, les arrachait àla nuit. Pasbesoin de raison, mon cœur, lui avais-tu assuré en posant une main sur la sienne, et la lumière, à cet endroit, s’était estompée. Une raison pour moi-même, vous comprenez, avait-elle dit. Je suis en deuil Mr Noir. En hésitant elle avait retiré sa main. Ce n’est pas correct. »
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