André Dhôtel : Le pays où l’on n’arrive jamais
12/10/2012
André Dhôtel est né le 1er septembre 1900 à Attigny (Ardennes) et mort le 22 juillet 1991 à Paris. Ecrivain et scénariste il est connu du grand public par ce roman Le Pays où l'on n'arrive jamais (1955, Prix Femina), il est par ailleurs l'auteur d'une œuvre abondante et singulière
Dans un petit village des Ardennes, Lominval, grandit un petit garçon, Gaspard, confié par ses parents forains à sa tante. Le petit Gaspard semble mystérieusement désigné comme déclencheur de catastrophes dont il sort étonnamment indemne, « Encore une catastrophe ! murmurait Gaspard. Que me reste-t-il à faire ? ».
Un jour, il rencontre un enfant de son âge qui se cache, il a fugué pour retrouver sa mère, Maman Jenny, sa famille et son pays. Gaspard va l'aider à se sauver puis partir à sa recherche sur la route d'Anvers, dans une cascade d'aventures surprenantes et merveilleuses, « Qu’il fasse ou qu’il dise n’importe quoi, il était entraîné malgré lui loin de Lominval ». Il rencontrera en chemin un cheval pie mystérieux, un coiffeur bien renseigné, un père et ses deux fils musiciens ambulants, de riches excentriques les Residore père et fils. Tous lui viendront en aide, même si les moyens employés paraîtront étranges à Gaspard. Plus tard, Gaspard découvrira que l’ami recherché est en fait une fille nommée Hélène.
Un conte, plus qu’un roman, comme on en lisait dans notre enfance, je parle de l’époque qui ne connaissait pas les jeux vidéo et l’ordinateur. Souvent les faits sont répétés ou résumés par Gaspard, pour que le jeune lecteur ne perde pas le fil de l’histoire. Une histoire rocambolesque bien entendu, mais qui fait la part belle aux rêves. Un jeune garçon qui instinctivement décide de venir en aide à un alter ego plus intrépide que lui, puisqu’il a décidé d’abandonner la vie luxueuse que lui offre un soit disant « oncle », pour partir à l’aventure à la recherche de sa mère et du pays qui l’a vu naître. L’errance, le voyage et ses rencontres, un soupçon de mystère mais si le destin est étrange, il reste toujours bienveillant.
La lecture de ce roman nous plonge aussi dans une douce mélancolie, nostalgie de l’enfance peut-être, images mentales des paysages ardennais qui me renvoient à l’automne et aux chaudes couleurs mordorées des feuillages d’arbres bordant le lit de la Meuse ou de l’Escaut. Un très beau livre pour retrouver notre naïveté et nos rêves de gamins.
« Les gardes champêtres et maints agents de la fonction publique éprouvent la nécessité de faire un discours pour expliquer ce qu’ils vont faire, et ainsi il n’est pas possible de leur échapper. Dès les premiers mots, l’enfant blond s’était élancé bousculant Gaspard, mais aussitôt il fut arrêté par le charron qui avait contourné l’église et qui venait en aide au garde champêtre. Le charron saisit l’enfant par le bras. L’enfant se débattit d’abord avec fureur, mais il se résigna à son sort lorsque le garde fut arrivé pour prêter main forte au charron. Gaspard assista à la scène sans faire un geste ni dire un mot. Il n’était pas question d’entamer une lutte ou une discussion avec le garde et le charron. Déjà l’enfant s’éloignait vers l’extrémité de la place entre les deux hommes. »
André Dhôtel Le pays où l’on n’arrive jamais Editions Pierre Horay
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