James Frey : Le dernier testament de Ben Zion Avrohom
13/10/2012
L’écrivain américain James Christopher Frey est en 1969 à Cleveland, Ohio. Ecrivain provocateur, son premier roman Mille morceaux, évoquait son addiction à la drogue et son parcours pour en sortir, un succès colossal aux Etats-Unis mais par la suite il devait avouer que tout n’était qu’invention, obligeant son éditeur à rembourser les lecteurs ! Depuis, il s’est créé un certain nombre de détracteurs et chacun de ses bouquins attise la polémique sur sa personnalité.
Son nouveau roman, Le dernier testament de Ben Zion Avrohom, pourrait lui aussi soulever la controverse, cette fois dans les milieux religieux et intégristes, puisque James Frey imagine que Jésus est revenu sur Terre, à New York, de nos jours.
Bien entendu, il s’agit d’un Jésus pas très orthodoxe ! Ben, ouvrier sur un chantier, réchappe quasi miraculeusement d’un accident qui aurait dû être mortel, aux dires des témoins et du médecin qui le traita, « Quelque chose ou quelqu’un, je ne sais quoi, ne voulait pas qu’il meure », avant de disparaître sans laisser de traces. Treize personnes qui ont croisé son chemin, donnent leur version de l’histoire. Sa famille, son frère, sa sœur et sa mère, confirment que dès sa naissance il présentait les signes d’un nouveau Messie, « son sang davidique, le jour de sa naissance qui était celui de la destruction du Temple de Salomon, le fait qu’il soit né circoncis. » D’autres encore, témoins indépendants (un avocat, un prêtre, une voisine, une jeune fille solitaire, un flic) l’ayant croisé à un moment ou un autre de leur vie, rapportent l’étrange charisme de cet homme qui se fait appelé Ben et son influence bénéfique sur leur existence. Tous sont formels, cet homme est le Messie revenu sur Terre, même si lui ne l’admets jamais formellement.
A travers leurs témoignages, on voit Ben se dessiner sous nos yeux, un homme solitaire, très maigre, le corps couvert de cicatrices, ne mangeant pour ainsi jamais, connaissant les livres sacrés par cœur sans les avoir jamais étudiés, parlant des langues anciennes qui transfigurent ceux à qui il chuchote à l’oreille.
Ben n’a qu’un seul message, l’Amour. Et c’est là que ça risque de faire grincer des dents, l’amour entre hommes et femmes certes, mais aussi entre hommes, entre femmes, partouzes pourquoi pas. James Frey balance quelques impertinences histoire de faire bouillir de rage les intégristes, « La Bible a été écrite il y a deux mille ans. Le monde est différent aujourd’hui. Il faudrait considérer ces livres de la même manière que nous considérons tout ce qui est de la même époque (…) ils sont la parole des auteurs. Des hommes qui racontent des histoires. »
Si vous n’aimez pas les romans d’apocalypse, passez votre chemin, par contre si vous êtes curieux, plongez-vous dans ce bouquin qu’on dévore, pressé de savoir comment il se termine, mais dont je ne vous dirai rien, bien évidemment. Personnellement, j’ai bien aimé, avec un petit bémol car ayant lu un exemplaire d’épreuves non corrigées, j’ai constaté des passages pas très bien écrits ou en mauvais Français, mauvaise traduction ( ?), j’espère qu’il n’en est rien dans la version commercialisée.
« Certains il les faisait asseoir à côté de lui sur le canapé pour leur prendre les mains et les regarder dans les yeux. Parfois il allait à la fenêtre pour leur parler tout bas. Certains il les emmenait dans la chambre, hommes et femmes, et il fermait la porte, et je savais qu’il les baisait, et les aimait, et les rendait meilleurs, comme il avait fait pour moi. Certains il prenait leur figure dans ses mains et les embrassait super léger. Je sais pas ce qu’il disait ou faisait à ces gens, mais ils partaient en se sentant mieux. Ils partaient différents. Ils partaient avec cette vraie foi dans leur cœur. Et ils en parlaient aux autres. »
James Frey Le dernier testament de Ben Zion Avrohom Flammarion
1 commentaire
Bien sûr on pourra critiquer certaines longueurs et répétitions. Mais l'ensemble de ce plaidoyer reste cohérent et passionnant. J'ai bien aimé. Effectivement l'exemplaire à tester était limite parfois !
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