Armistead Maupin : D’un bord à l’autre
15/10/2012
Armistead Maupin est né en 1944 à Washington. En 1971 il emménage à San Francisco, en Californie. Cinq ans plus tard il fait paraître en feuilleton dans le quotidien The San Francisco Chronicle les épisodes de la vie d'habitants dela ville. Ces Chroniques de San Francisco sont un succès et sont publiés en romans. Une série télévisée a aussi vu le jour.
D’un bord à l’autre paru en 1988 est le tome 5 de ces chroniques, qui peuvent néanmoins être lues indépendamment les unes des autres. Tous les romans grouillent de personnages dont on suit les aventures avec plaisir, un noyau central formant une petite famille qui se ramifie en nouvelles connaissances pour former un réseau de relations caractérisées le plus souvent par leurs amours et leur sexualité.
Nous sommes à San Francisco qui a vu naître le mouvement Peace & Love et surtout qui abrite une importante population homosexuelle. C’est de cette part de la société que Maupin fait son miel pour écrire sa version moderne et ciblée de sa Comédie Humaine. Hommes en couples ou femmes en couples avec enfants adoptés, couples hétéros, célibataires à la recherche de l’âme sœur, tous vivent leurs passions avec plus ou moins de réussite dans un monde qui vient de « découvrir » le sida, mais l’auteur ne s’apitoie pas, ses personnages peuvent avoir un coup de blues, jamais ils ne perdent le moral définitivement et Armistead Maupin sait nous faire sourire en permanence. Car ces chroniques sont très drôles, avec un humour anglo-saxon retenu, et beaucoup de tendresse pour leurs acteurs.
Résumer le roman en quelques lignes serait une gageure, disons que Mme Madrigal la logeuse du 28 Barbary Lane (l’adresse devenue mythique de ces chroniques) mène un combat contre la municipalité pour que les marches en bois de l’immeuble ne soient pas remplacées par du béton, qu’un couple de lesbiennes avec leurs enfants partent dans un festival réservé exclusivement aux femmes, que non loin de loin se tient dans une propriété privée une réunion genre sommet de Davos réservé aux hommes, qu’une jeune femme mannequin pour les « grandes tailles » portée sur la chose n’aura pas un rôle négligeable dans cet épisode, que Michael homo célibataire va rencontrer l’homme de sa vie du moins dans ce tome 5, que Brian et Mary s’éloignent et se rapprochent et que tous vont se croiser à un moment ou un autre.
Il y a un soupçon de P.G.Wodehouse chez Armistead Maupin, vaudeville souriant au rythme enlevé, tout en dialogues courts, situations parfois grotesques, vacheries lâchées avec légèreté mais jamais de méchanceté car on sent que Maupin aiment ses personnages et sa ville. Gays ou hétéros tous ont les mêmes problèmes conjugaux, tous veulent être heureux.
« Quatre-vingt-sept ! Ses pires craintes étaient confirmées ! Les rigueurs de la tournée lui faisaient perdre du poids très vite. Si elle ne retrouvait pas ses formes bientôt, la une des journaux cesserait de célébrer le sex-symbol de quatre-vingt-dix kilos et elle frémit, suffocant à la seule pensée qu’elle ne serait plus dans le coup si son postérieur continuait à perdre du volume. Elle savoura ce dilemme ridicule, puis se lava le visage avec un savon anglais à la violette. Danspeu de temps, on lui servirait des crêpes aux myrtilles pour que tout rentre dans l’ordre. Quarante-cinq minutes plus tard, elle attendait sa limousine devant le Fairmont. »
Armistead Maupin D’un bord à l’autre collection 10-18
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