Henning Mankell : Le guerrier solitaire
15/10/2012
Ecrivain suédois, Henning Mankell est surtout connu pour ses polars dont le héros récurrent est l’inspecteur Kurt Wallander. Avec Le guerrier solitaire paru en France en 1999, nous retrouvons l’inspecteur dans son commissariat d’Ystad en Scanie pour une enquête particulièrement sordide qui commence par l’immolation en plein champ d’une jeune fille, suivie de meurtres peu ragoûtants, les victimes sont tuées à la hache et scalpées, parmi elles un ancien ministre.
On retrouve donc notre inspecteur, toujours aussi seul, vieillissant, accablé par les ans et surtout par l’état du monde, ce qui permet à Mankell de lâcher quelques piques sur la situation politique « Les politiciens sont devenus des gens de métier. Des carriéristes. Avant, l’idéalisme était un élément important dans la vie politique » et économique de la Suède, paradis qui partirait àla dérive. Enplus de son enquête, Wallander se débat avec son vieux père avec lequel ses rapports sont difficiles, sa fille, et une tendre amie qu’il ne voit que temps à autre. La gestion de son emploi du temps n’est pas aisée et lui complique sérieusement la vie.
L’enquête progresse lentement et difficilement, l’ambiance est pesante, l’accablement de Wallander nous gagne peu à peu, tout ce qui fait le style habituel et le charme de Mankell est là. Pourtant, une fois le livre terminé, force est de constater que l’intrigue ne tient pasla route. Lescénario passerait encore s’il n’y avait toutes ces incohérences ou ces questions sans réponse. Ajoutez à cela les réflexions de Wallander sur le temps qui passe et les évènements qui le dépassent, sa nostalgie d’une Suède qui n’est plus ce qu’elle était. Peut-être que cela rejoint mes propres angoisses et que de le voir écrit noir sur blanc ça m’agace ? Un livre qui finalement m’a déçu.
« Aujourd’hui, la Suède s’effondrait, tout autour de lui, comme un gigantesque assemblage d’étagères. Personne ne savait quels menuisiers attendaient dans l’entrée pour en monter de nouvelles. Personne ne savait non plus de quoi aurait l’air ces nouvelles étagères. Tout était très vague, en dehors du fait que c’était l’été et qu’il faisait chaud. Les jeunes gens se suicidaient ou tentaient de le faire. Les gens vivaient pour oublier, et non pour se souvenir. Les logements devenaient des tanières au lieu d’être des foyers. Et les policiers restaient muets, dans l’attente du moment où leurs locaux de garde à vue seraient confiés à d’autres hommes, avec d’autres uniformes, les employés des sociétés privées de gardiennage. »
Henning Mankell Le guerrier solitaire collection Points
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