Rory MacLean : Magic Bus
15/10/2012
La route de Katmandou a fait rêver des millions de jeunes au milieu des années 60 et ils furent des milliers à s’y lancer, à pied, en stop, ou en bus, le plus souvent sans un sou en poche et la guitare au dos. Assoiffés de liberté et d’idéalisme, ils abandonnaient le monde mercantile en construction pour une quête du bonheur, de sagesse et de spiritualité qu’ils pensaient trouver en Asie. Le chemin passait parla Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, le Népal, l’Inde et Goa. Un trajet de9000 kmsous le signe du Peace & Love avec en fond sonore les Beatles, Dylan et le Jefferson Airplane, avant les guerres et les explosions, avant la destruction des Bouddhas de Banyan et les ayatollahs fanatiques. Rory MacLean refait le périple, pistant les intrépides voyageurs à la recherche des témoins ou des lieux mythiques qui virent les hippies déferler en caftans des fleurs dans les cheveux et de l’herbe magique dans les poches. Certains y laissèrent la vie, d’autres leur esprit, nombreux furent ceux qui revinrent au pays et quelques uns restèrent sur place, mais tous en retirèrent une autre vision du monde. L’auteur nous conte cette formidable aventure en replaçant les pays traversés dans leur contexte politique de l’époque et avec lucidité quant aux effets secondaires découlant de cette « invasion » d’occidentaux dans des cultures et civilisations encore vierges de modernité. Un très bon livre pour parcourir à nouveau ces routes, résurgence de souvenirs pour les uns, réactivation du rêve pour les autres.
« Katmandou est bourré de gens qui lisent le guide Lonely Planet sur le Vietnam. Ils s’installent dans les cybercafés et s’envoient des textos. Enfin quand même, nous, à leur âge, on voulait surtout fricoter ensemble et avoir une vie sociale, pas vivre dans un monde catastrophe. On n’avait pas de guides, on ne connaissait même pas le nom du pays voisin. « Ca s’appelle comment, cet endroit ? Le Bhoutan ? Mais c’est où, ça, le Bhoutan, nom de Dieu ? » Braille-t-il d’une voix qui déborde d’une énergie irritée. On voyait une nouvelle ville depuis l’arrière d’un camion. On voyait des lumières. On se disait : « Derrière une de ces lumières, il y a une petite pièce, et un lit, et même peut-être, si j’ai du pot, un corps bien chaud. » On nous déposait là. On se fiait à son sort. On se laissait porter par le vent. Maintenant c’est un gros jumbo qui vous dépose au coin de la rue. »
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