Philip Roth : Le Rabaissement
16/10/2012
Philip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son œuvre couronnée de multiple prix en fait l’un des plus grands écrivains américains contemporains. « L'œuvre de Philip Roth forme une vaste fresque à la lisière de la fiction et de l'autobiographie, qui traite dans une prose aux qualités uniques d'ironie et de clairvoyance des thèmes aussi puissants que les tumultes de la sexualité et de la psychologie masculines, le poids de l'Histoire et de l'héritage, la hantise de la désagrégation du corps et de la mort, et la place du judaïsme et de la littérature dans la civilisation occidentale. » Le Rabaissement est son dernier ouvrage paru.
Simon Axler est un grand acteur, du moins il l’a été, car aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années, il a cessé de jouer depuis qu’il a perdu confiance en lui, incapable de se souvenir de son texte et surtout dans l’impossibilité de se glisser dans un rôle. Une petite voix au fond de lui, lui susurre qu’il est un imposteur, qu’il triche avec le public. Le public l’oublie et sa femme le quitte, seul son agent tente encore de le pousser à remonter sur scène, mais en vain. Simon Axler est en pleine dépression et songe au suicide, « le suicide était son point de mire ».
Alors qu’il est mal parti, Simon tombe amoureux de Pegeen, fille d’amis comédiens, vingt-cinq ans plus jeune que lui et lesbienne ! Convertie aux amours hétérosexuelles, Simon et Pegeen vivent alors de doux moments durant un certain temps, « il fallait bien qu’il y ait un commencement à la reconstruction d’une vie et, pour lui, cela avait débuté par le fait de tomber amoureux de Pegeen … » Hélas pour Axler, il ne s’agit que d’un rebond passager, et le livre se termine d’une manière plus dramatique que ce à quoi nous avait habitué Philip Roth dans le passé quand Simon atteint le point de mire.
Pour le dire franchement, le bouquin m’a déçu. Certes, il est bien écrit dans ce style très souple cher à Roth, certes le cas de Simon Axler, comédien en perte de vitesse, est intéressant et ouvre les portes à la réflexion, mais le roman est très court (120 pages), trop peut-être, et ce volet aurait mérité d’être plus développé à mon sens. Enfin, et là aussi je dois être honnête, la complaisance récurrente de Philip Roth pour le sexe, et là en poussant le bouchon un peu loin, un type de plus de soixante ans qui se tape une lesbienne, avec une scène de triolisme et accessoires consacrés pour pimenter le quotidien, ça devient un peu ridicule.
Philip Roth est un grand écrivain, c’est certain. Il commence à prendre de l’âge et avoir des fantasmes dont il se sert pour nourrir ses romans, c’est logique, mais j’ai l’impression qu’il commence à flirter avec le n’importe quoi sur la forme, même si le fond reste particulièrement intéressant et jubilatoire. La critique professionnelle semble trouver tout cela très bien, aveuglée par l’œuvre passée et de haute qualité de l’écrivain, mais moi qui suis entièrement libre de mes propos je trouve que ce roman de Philip Roth rabaisse son talent. D’où le titre du livre ?
« Elle était allée à un congrès où l’on interviewait les candidats pour enseigner en sciences de l’environnement. Elle avait trouvé un poste surla côte Estaprès avoir couché avec la directrice du département, qui avait eu le coup de foudre pour elle et qui l’avait par la suite engagée. Cette femme était encore la protectrice dévouée et la chérie de Pegeen lorsque Pegeen alla rendre visite à Axler et décida qu’après avoir été lesbienne pendant dix-sept ans elle voulait un homme – cet homme-là, cet acteur de vingt-cinq ans son aîné et l’ami de sa famille depuis des dizaines d’années. »
Philip Roth Le Rabaissement Gallimard
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