Alix de Saint-André : En avant, route !
16/10/2012
Alix de Saint-André est journaliste (entre autre elle fut chroniqueuse sur Canal+) et écrivaine. Son nouveau livre En avant, route ! nous raconte son pèlerinage sur la route de Compostelle, trajet qu’elle eut l’occasion de faire trois fois, la première au départ de Saint-Jean-Pied-de-Port, la seconde en partant de La Corogne et enfin en accomplissant le vrai voyage, à savoir partir de chez elle, des bords de la Loire et rejoindre Compostelle à pied.
Une vraie cure de jouvence la lecture de ce bouquin car Alix n’est pas du genre à pleurnicher sur ses maux de pieds ou nous assommer avec des considérations religieuses lourdingues. « Beaucoup s’imaginent qu’on marche derrière des curés en récitant des prières, pas du tout ! Les gens sont très individualistes, pour tout dire on picole, on s’amuse, on improvise des fêtes. Beaucoup même, ne sont pas croyants. »
Livre de marche mais surtout de rencontres, car c’est là l’un des principaux aspects de ce périple, on rencontre des hommes et des femmes – ainsi qu’un âne – de toutes nationalités et de tous âges. Chacun vient avec son caractère, ses problèmes et ses joies, on marche ensemble pendant quelques étapes, on se perd de vue, on se retrouve plus loin. Sans que le bouquin soit un guide, Alix nous distille quelques conseils pratiques sur la manière de sangler son sac à dos, de marcher avec son bâton de pèlerin, les rituels aux étapes dans les gîtes prévus pour les marcheurs et la trace de votre passage grâce au tampon apposé sur votre crédentiale, ce petit livret qui certifie votre passage, par le curé du village ou parfois la tenancière d’un bistrot !
Alix de Saint-André écrit dans un style alerte, plein d’humour et de culture sans ostentation mais avec aussi quelques passages émouvants sur son père et deux amies disparues. On est tenté de lire son livre très vite, mais il faut le déguster lentement pour mieux le savourer, car comme le dit un proverbe du Mali « Tu as la montre, et moi j’ai le temps ». N’hésitez pas à vous lancer dans la lecture de ce livre délicieux qui accompagnera à merveille vos randonnées estivales et le soir, fourbus, vous pourrez dire sans honte « Nous sommes de vrais pèlerins qui ronflons, qui buvons et qui sentons mauvais des pieds ! »
« Les plus jolis marcheurs sont un couple de Suisses ; le rythme souple de leurs corps côte à côte dégage une sorte de grâce et d’élégance partagées, comme s’ils dansaient. A un moment ils m’ont emboîté le pas, le temps d’une conversation, l’un à ma gauche, l’autre à ma droite, et après un au revoir, se sont éloignés en me doublant dans l’accélération silencieuse de leur essor naturel, très vite et très loin. Même taille, grands, minces, lui blanc, et elle métisse d’origine haïtienne, assez drôle. Deux légers accents, différents, adoucissent leur français chantant ; ils sont curieux, attentifs, et parents d’enfants adultes, déjà. Ils m’assurent que le quatrième jour, le chemin devient moins douloureux, demain… »
Les commentaires sont fermés.