Philippe Paringaux : It’s only Rock’n’Roll et autres bricoles
16/10/2012
Philippe Paringaux, tout comme Philippe Garnier, sont de la même trempe, deux journalistes de talent que j’ai connu par le biais du magazine Rock ‘n Folk. De Paringaux, j’ai un souvenir personnel puisque je me souviens très bien l’avoir vu à l’Olympia (1970 ?) lors d’un concert anachronique, mêlant Emerson Lake & Palmer (rock progressif anglais avec orgue et synthétiseurs) en vedette tandis que la première partie offrait le J. Geils Band (rock/blues américain puissant), les américains étaient conspués par la foule sectaire et seul Paringaux, ses longs cheveux sombres tombant sur les épaules et bras levés au ciel, manifestait son intérêt. Il était dans la vérité, car le J. Geils Band est un excellent groupe. Cette indépendance d’esprit, ne se pliant pas aux aveuglements de chapelle des fans d’Emerson, m’avait impressionné et j’en avais conclu que ce type était un honnête homme.
Ce bouquin qui vient de paraître, compile une large partie des articles parus dans Rock’n’Folk entre 1968 et 1973. Trois types d’articles, les chroniques de concerts ou articles sur un groupe, les critiques de disques et ceux de la rubrique « Bricoles » qu’il tenait dans le magazine, où là c’est l’écrivain sommeillant en lui qui se laissait aller à lâcher sa plume pour de courts textes pleins de charme ou de poésie.
On ne négligera pas pour autant la lecture de l’introduction rédigée par Christophe Quillien qui permet de se replonger dans le contexte de l’époque, historique du journal et de la musique d’alors au travers d’interviews de journalistes bien connus des amateurs de rock music.
Dire que je me suis régalé à la lecture de ce bouquin, c’est être en dessous dela vérité. Jelis Rock’n’Folk depuis sa création, je connaissais donc tous ces articles repris ici, mais leur relecture avec le recul imposé par les années passées leur donne plus de valeur encore, car on peut objectivement juger aujourd’hui de leur valeur intrinsèque ou des jugements du journaliste. A ce petit jeu, Philippe Paringaux s’en sort largement vainqueur.
Ce livre s’adresse évidemment aux amateurs de musique, rock et blues en particulier, mais jazz aussi car Paringaux aime toutes les musiques, la seule chose qui compte c’est qu’elle soit bonne. Par contre, ce qui frappe le lecteur et confirme mon jugement, c’est que ces années 60/70 furent les plus belles de l’histoire du rock. Il n’est pour preuve que de relire les chroniques de disques, dans une même année (prenons 1969 par exemple) sortaient : Beggars Banquet (Rolling Stones), Electric Ladyland (Hendrix), A Salty Dog (Procol Harum), l’album de Blind Faith, The Soft Parade (Doors), un Beatles, un Led Zeppelin, un Jeff Beck, Ummagumma (Pink Floyd)… en très peu de temps la barre sera placée si haute que jamais plus elle ne pourra être dépassée, du moins dans un tel effet de masse. Quand on a connu ce temps-là on reste songeur devant ce que la suite nous a donné.
Donc un pur régal pour le fond. Mais la forme n’est pas mal non plus car chez Paringaux la plume est de qualité. Des articles et des critiques argumentées, constructives et matures. Et un style certain. Je vais faire une comparaison hardie peut-être – mais il faut avoir lu les deux bouquins pour réellement me comprendre – je trouve certaines similitudes de style entre Philippe Paringaux et François Mauriac ! Je parle du Mauriac des chroniques de télévision qu’il faisait paraître dans l’Express entre 1959 et 1964. L’un chronique la musique de son époque à travers concerts et disques, l’autre des pièces de théâtre ou des variétés à travers le prisme de son petit écran, identité de fond qui se rejoint sur la forme de l’écriture parfois, surtout dans les premières années des articles de Paringaux.
Comme vous le voyez, les raisons ne manquent pas pour vous jeter sur ce bouquin qui trouvera sa place dans votre bibliothèque à côté des biographies de groupes célèbres ou de vos beaux livres de photos des Stones et Led Zeppelin. Une nouvelle bible de références vient de naître.
Philippe Paringaux It’s only Rock’n’Roll et autres bricoles Le Mot et le Reste
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