Arto Paasilinna : Petits suicides entre amis
15/10/2012
Arto Paasilinna est un écrivain Finlandais qui s’est fait connaître de tous dans les années 80 avec le roman désormais célèbre Le lièvre de Vatanen. Le hasard – pour l’achat de deux livres de la collection Folio un troisième était offert – m’a mis entre les mains ce Petits suicides entre amis datant de 2003 et je l’en remercie encore.
Deux Finlandais font connaissance à l’occasion de leur double suicide manqué. Unissant leur désespérance, ils créent une association qui va regrouper plusieurs dizaines de suicidaires du pays et s’embarquent dans un car de tourisme à destination du cap Nord pour un suicide collectif. Bien entendu rien ne va se passer comme prévu et le voyage sera plus long que prévu puisqu’il continuera vers le sud du Portugal en passant par l’Allemagne, la France et la Suisse. Un périple complètement loufoque qui ne manquera pas de saveur.
Arto Paasilinna manie l’humour noir et l’humour tout court avec maestria, chaque page vous arrache au moins un sourire ce qui est pour le moins paradoxal alors que nous sommes en compagnie d’une bande de dépressifs ne cherchant qu’un lieu idéal pour en finir avec cette vie qu’ils trouvent invivable ! L’auteur distille aussi de nombreuses piques contre la société finlandaise et la société en général, moquant les travers des autochtones des pays traversés ainsi que de ses compatriotes ; les critiques sont distillées avec finesse, sans l’air d’y toucher, et font mouche à chaque fois. Le style délié laisse une grande facilité à la lecture, les chapitres sont courts, le livre se lit très vite et semble avoir été écrit avec une aisance déconcertante (ce qui est la preuve du gros travail de l’auteur). Un roman à lire absolument, tant il est drôle et frais, irrésistible pour les amateurs de pince-sans-rire et du Monty Python.
« Si on buvait, le foie et le pancréas se détraquaient. Si on mangeait trop bien, le taux de cholestérol grimpait. Si on fumait, un cancer mortel s’incrustait dans les poumons. Quoi qu’il arrive, chacun s’arrangeait pour culpabiliser son voisin. Certains faisaient du jogging à outrance et s’écroulaient morts d’épuisement surla cendrée. Ceuxqui ne couraient pas devenaient obèses, souffraient des articulations et du dos et mouraient pareillement, au bout du compte, d’un arrêt cardiaque. A bavarder ainsi, les suicidaires commençaient à se dire qu’ils se trouvaient finalement en bien meilleure posture que leurs compatriotes contraints de continuer à vivre dans leur sinistre patrie. Cette constatation les emplit de joie, pour la première fois depuis longtemps. »
Arto Paasilinna Petits suicides entre amis chez Folio
Les commentaires sont fermés.