David Vann : Sukkwan Island
17/10/2012
Il s’agit du premier roman de David Vann né en 1966 en Alaska qui actuellement vit en Californie et construit un catamaran sur lequel il fera un tour du monde en solitaire.
Jim dont la vie personnelle est jalonnée de plus d’échecs que de réussites, décide d’emmener son fils Roy âgé de treize ans vivre avec lui durant un an, dans une cabane isolée du monde sur une île sauvage du Sud de l’Alaska, Sukkwan Island. Il espère profiter de ce break pour mieux connaître son fils et trouver un nouveau départ dansla vie. Trèsvite nous comprenons que Jim n’a pas l’envergure ou les moyens pour mener ce projet à terme. Vivre seuls sur une île déserte au climat rude, nécessite d’avoir étudié et planifié son projet avec rigueur et minutie, ce qui ne semble pas être le point fort de Jim. Lentement mais sûrement la situation des naufragés volontaires se dégrade.
Parallèlement aux conditions matérielles, les caractères se révèlent. Roy regrette rapidement de s’être laissé embarqué dans cette aventure et voudrait retrouver sa mère et sa petite sœur. De son côté, Jim séparé de son épouse qu’il a trompée une nouvelle fois, se languit de vivre sans femme avec lui. La nuit il pleure et parle, alourdissant le fardeau moral de son fils obligé de l’entendre contre son gré.
Il est très difficile de résumer ce livre, car en son milieu à peu près, un évènement dramatique comme j’en ai rarement lu jusqu’à ce jour et que je ne peux révéler sans gâcher le plaisir de la lecture à ceux qui s’y risqueront, font entrer le roman dans une sorte de cauchemar d’où la noirceur de l’âme humaine émerge. De toute façon une happy end étant inconcevable, vous ne serez pas surpris par l’épilogue.
Cette seconde partie est peut-être un peu longue, ou moins bien maîtrisée – il s’agit d’un premier roman je le rappelle – car il y a des répétitions ou redites, mais néanmoins il s’agit d’un livre très fort et qui marque les esprits. J’attends le prochain bouquin de David Vann avec impatience pour savoir s’il s’agit d’un grand écrivain en devenir comme le laisse supposer ce premier effort.
« Roy leva les yeux. Son père était penché en avant, les bras sur les genoux, la tête baissée. Il se frottait le front. Il demeura ainsi longtemps. Roy ne trouvait rien à dire, alors il ne disait rien. Mais il se demandait pourquoi ils étaient là, quand tout ce qui semblait importer à son père se trouvait ailleurs. Cela ne lui semblait pas logique du tout que son père soit venu s’installer ici. Il commençait à se demander si on père n’avait pas échoué à trouver une meilleure façon de vivre. Si tout cela n’était pas qu’un plan de secours et i Roy, lui aussi, ne faisait pas partie d’un immense désespoir qui collait à son père partout où il allait. »
David Vann Sukkwan Island chez Gallmeister
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