Alain Paraillous : La vie religieuse des campagnes d’autrefois
18/02/2013
Né en 1947, Alain Paraillous est toujours resté attaché à un monde paysan qu'il a connu dans son enfance sur les coteaux de Saint-Pierre-de-Buzet, dans le Lot-et-Garonne. Devenu professeur de lettres, il a exercé toute sa carrière au lycée d'Aiguillon, à deux lieues de son village qu'il n'a jamais pu se résoudre à quitter. Vers la cinquantaine, voulant laisser une trace de ce monde paysan qui disparaît, il se lance dans l’écriture et compte à ce jour pas loin d’une vingtaine d’ouvrages. La vie religieuse des campagnes d’autrefois est son dernier opus paru.
Véritable vade-mecum des pratiques religieuses telles qu’elles étaient encore pratiquées durant l’enfance de l’auteur, ce petit bouquin fort sympathique dégage un délicieux fumet d’encens et de poussières mêlés. L’encens pour la religion bien entendu, la poussière car il rouvre la malle de souvenirs oubliés au grenier.
A travers plus d’une trentaine de chapitres, vous pourrez retrouver l’origine d’une fête comme les Cendres, la fête des Rois, ou bien des pratiques comme les processions, la messe en latin. Mais au-delà de l’aspect purement religieux, Alain Paraillous ne perd pas de vue que son propos est de mettre par écrit pour la postérité, la réalité d’un monde qui n’existe plus, ce monde paysan qu’il a fort bien connu puisque ce fut celui de sa propre famille. Son bouquin aborde donc aussi, le rôle de la fanfare de village ou de l’hospitalité paysanne par exemple.
Si le livre peut trouver sa place au rayon sociologie, il s’agit surtout d’un témoignage et non d’une analyse critique, où les souvenirs personnels de l’auteur et de ses parents donnent une touche de véracité incontestable et plaisante à lire.
Même si l’auteur s’en défend en fin d’ouvrage, « les adeptes d’une modernité à tous crins pourront accuser tel ou tel chapitre d’un excès de nostalgie », il est difficile de ne pas y lire une défense pro domo d’un mode de vie regretté et de tomber parfois, dans un léger excès idyllique. Je pense particulièrement au passage concernant les gitans qui auraient été bien accueillis en ce temps-là par les paysans, or il me semble que ce peuple a toujours été l’objet de méfiance depuis la nuit des temps…
Je ne blâme pas l’auteur pour sa nostalgie, car même moi qui suis un enfant de la grande ville exclusivement, j’ai l’impression en lisant ces pages de retrouver mon enfance des années cinquante (la première communion, l’office du dimanche), les années d’avant Vatican II. Souvenirs fantasmés d’une vie rêvée ? Et si la religion n’avait pas une place importante dans ma famille, sa place n’était pas neutre dans notre société alors.
L’écrivain écrit très simplement, utilisant parfois quelques tournures de phrases à l’ancienne, comme on dirait d’un bon pain, ce qui colle parfaitement avec le propos et fait de ce bouquin sans prétentions, une petite pépite que les gens de ma génération et les plus vieux encore, conserveront précieusement dans un coin de leur bibliothèque. Un paradoxe, puisque ce sont les plus jeunes qui devraient le lire pour apprendre ce qu’ils n’ont pas connu !
Sachez aussi, que deux cahiers de photos intercalés dans l’ouvrage viennent le compléter avec bonheur.
« « Faire le deuil » sous-entend qu’après la perte d’un être cher, on va s’habituer peu à peu à la blessure, s’efforcer de tourner la page, rechercher l’oubli,la cicatrice. Jusqu’à ce que la douleur s’apaise. La crémation, souvent suivie de la dispersion des cendres, participe à ce schéma. Plus rien ne doit rester. Tout autre était l’ancienne attitude, issue de l’héritage chrétien : la pierre tombale, avec le nom du défunt, sa date de naissance, celle de sa mort, parfois son portrait sépia sur un médaillon ovale, attestaient du refus d’oublier. »
Alain Paraillous La vie religieuse des campagnes d’autrefois Editions Sud Ouest
Une interview d’Alain Paraillous datant de 2009 et à propos d’un autre livre, mais qui donne une idée de l’auteur.
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