Craig Johnson : Dark horse
02/06/2013
Avant d'être écrivain, Craig Johnson né en 1961, a exercé différents métiers tels que policier à New York, professeur d’université, cow-boy, charpentier et pêcheur professionnel. Il vit avec sa femme dans son ranch sur les contreforts des Bighorn Mountains, dans le Wyoming, où il s'occupe de ses chevaux et de ses deux chiens.
C’est avec plaisir que les fidèles lecteurs de Craig Johnson retrouveront dans son nouveau roman, le shérif Walt Longmire, son héros récurrent (que la télé américaine a adopté pour une série) dont les aventures se déroulent dans le comté fictif d’Absaroka au cœur du Wyoming.
L'affaire paraissait simple à la lecture du rapport de police. Wade Barsad, un homme au passé trouble ayant frayé avec la pègre, a enfermé les chevaux de sa femme Mary dans une grange avant d'y mettre le feu. En retour, celle-ci lui a tiré six balles dans la tête durant son sommeil. Telle est du moins la version officielle. Mais le shérif Walt Longmire ne croit pas à la confession de Mary. Persuadé de son innocence il décide de se rendre sur les lieux du crime et débarque incognito à Absalom, la petite ville du comté voisin où il n'a pas juridiction. Il se heurte très vite à l'hostilité de la plupart des habitants, mais Walt Longmire n'en a cure et il ne tardera pas à découvrir qu'une grande partie de la population avait de bonnes raisons de vouloir la mort de Wade.
Cinquième roman de l’écrivain traduit en français, je n’en avais lu que deux jusque là, je trouve que c’est le plus abouti. Little bird et Le Camp des morts, romans sympathiques, m’avaient néanmoins un peu laissé sur ma faim et j’attendais mieux de Craig Johnson. Cette fois c’est fait. L’américain n’écrit certes pas des histoires complexes aux scénarios huilés comme des coucous suisses, si on y regarde de trop près on sourcillera d’interrogation parfois, mais qu’importe. Une histoire bien menée néanmoins, bien dans le style de l’auteur, c'est-à-dire sans effets d’esbroufe gratuits, genre fusillades ou poursuites échevelées, une enquête qui se déroule sur un tempo médium, ce qui colle parfaitement avec la personnalité de Walt Longmire, shérif approchant de la retraite.
Un avis qui tranche quelque peu avec ce qu’annonce le dos de la couverture du livre, « Craig Johnson entraîne son shérif dans une chevauchée palpitante… » Non ! Ce n’est pas du tout la tonalité générale du roman, même si effectivement dans les quatre-vingt dernières pages il se termine par une poursuite. Pour autant cela n’a aucune importance, même si ce polar n’est pas mené dans l’urgence, ça ne l’empêche pas d’être bon.
Une écriture apaisante sans être molle, une intrigue qu’on suit avec plaisir et dont l’épilogue se dénoue en temps voulu. Des personnages connus des lecteurs, outre le shérif, Victoria son adjointe (et plus…), Henry Standing Bear son pote Indien qui ne fait que passer et les acteurs de ce roman, dont un gamin, tous très bien campés. Ajoutons aussi quelques figures animales, le chien parce que ça attire toujours l’empathie, les chevaux parce que nous sommes dans le Wyoming et que Craig Johnson paraît en connaître long sur eux et un oiseau, la sturnelle, qui jouera un rôle dans la résolution de l’enquête !
Mi-polar, mi-western, ce Dark horse mérite qu’on s’y attarde.
« Mais ensuite il leur apparaît que la police, la cour et les lois mêmes sont seulement humaines, qu’elles présentent les mêmes insuffisances que nous tous, qu’elles reflètent ce que nous sommes, et voilà la dichotomie tragique de tout ça – plus on a affaire avec la loi, moins on y croît. (Je pris une longue inspiration.) A l’image d’une étrange petite religion particulière, la seule chose qui fait que le système fonctionne est précisément la chose dont il vous prive – la foi. »
Craig Johnson Dark horse Gallmeister
Traduit de l’américain par Sophie Aslanides
2 commentaires
Bonjour Le Bouquineur, c'est le premier "Walt Longmire" que je lisais et je n'ai pas été déçue. C'est un roman qui prend en effet son temps au milieu de la nature, des chevaux et le bruit que font certains insectes. Une bonne surprise. Bonne après-midi.
Merci Dasola de confirmer mes dires. Je suis content de savoir que vous avez passé un bon moment de lecture et que votre exemple donnera envie à d'autres, d'en faire autant.
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