Lisa Jackson : De glace et de ténèbres
17/06/2013
Lisa Jackson est née en 1952 dans une petite ville de l’Oregon. Elle sort diplômée de l'Université d'État de l'Oregon et commence par travailler dans le secteur bancaire avant que son premier roman ne paraisse en 1983. Habituellement ses bouquins se placent sur les listes des meilleures ventes de livres du New York Times, USA Today et Publisher's Weekly. Son nouvel ouvrage, De glace et de ténèbres, est le douzième publié en France.
En voici le résumé, tel qu’on peut le lire au dos de l’ouvrage : « Selena Alvarez en est persuadée, l’affaire sur laquelle elle et sa coéquipière Regan Pescoli enquêtent est hors normes. D’abord parce que les victimes — toutes des femmes — se ressemblent étonnamment : ossature du visage, peau claire, cheveux auburn, yeux verts. Ensuite parce que le tueur, qui s’attaque méthodiquement et froidement à ses victimes, semble insaisissable et tout proche à la fois. En pleine période de Thanksgiving, dans ce Montana de ténèbres et de glace que les décorations de Noël peinent à réchauffer, Selena sait qu’elle va devoir faire preuve d’une ingéniosité et d’un courage sans égal pour arrêter ce tueur implacable. Et pour révéler au grand jour le terrible secret qui le pousse à agir… »
Il n’y a rien de plus épouvantable, comme ici, que d’entamer un pavé de plus de cinq cents pages et de s’apercevoir après dix pages ( !) qu’on a fait mauvaise pioche. Certes je n’avais pas vraiment choisi de lire ce bouquin, arrivé gracieusement entre mains par des voies que je ne peux dévoiler.
Que dire de ce livre ? D’abord, il est beaucoup trop long, on peut facilement en retirer la moitié sans en édulcorer le sens. Un texte qui s’étale comme un bavardage sans fin, s’attardant sur des détails vestimentaires ou alimentaires sans intérêt, comme si l’auteure s’imaginait que les lecteurs mesuraient le talent d’un écrivain ou la qualité d’un roman, à son épaisseur ! Le pire, c’est que je ne suis pas loin de penser que c’est exactement une part du raisonnement de Lisa Jackson ou de son éditeur, d’ailleurs tout le bouquin pue l’artificiel. Tous les trucs éculés du thriller s’empilent éhontément, les clichés abondent et bien entendu le style est inexistant. Même la traduction laisse planer un doute parfois. Exemple de phrase qu’on peut lire dans ce navet, « Le tueur éclata d’un rire démoniaque qui résonna dans la nuit » (p. 517), comment peut-on encore écrire de telles foutaises à notre époque ?
Il existe beaucoup de mauvais livres, pour de multiples raisons qui en général restent néanmoins honorables, mais celui-ci va plus loin et c’est en cela que je l’exècre. Il s’agit d’un roman écrit par une femme pour un public féminin, chaque phrase en traduit le créneau visé, chaque digression le révèle (enfants malades, femmes vivant seules se cherchant un mec, éducation des ados etc.). Aucune littérature là-dedans, un simple produit marketing qu’on espère vendre en grosses quantités. Tous comme la série des SAS de Gérard de Villiers s’adresse aux hommes, ce bouquin est pour les femmes. Ce n’est pas un propos machiste, c’est une simple constatation qui mériterait l’ire des féministes, car Lisa Jackson entretient dans ce bouquin tous les modèles les plus crétins d’une féminité infantile.
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que je m’étende plus, vous avez compris ce que je pensais de ce truc….
« Il songea à la gorge gracile d’Acacia et se vit brandissant un couteau, celui-là même avec lequel elle l’avait marqué à vie. Il imagina la lame étincelante inciser sa peau laiteuse et pénétrer dans la fine chair de son cou. Il crut la voir écarquiller les yeux tandis que des gouttes de sang perlaient au passage de l’acier tranchant, scintillant comme autant de rubis dans un écrin soyeux, avant de former un ruisseau écarlate sur son sternum et ses seins, se diluant ensuite dans l’eau du bain. Les bulles de savon blanches se teintaient de rouge tout autour de son corps tandis qu’elle s’affaissait dans l’eau chaude. »
Lisa Jackson De glace et de ténèbres Editions Harlequin (à paraître le 1er août 2013)
Traduit de l’américain par Philippe Mortimer
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