Umberto Eco : Confessions d’un jeune romancier
17/07/2013
Umberto Eco, né en 1932 à Alexandrie dans le Piémont (Italie), est un universitaire, érudit et romancier italien. Reconnu pour ses nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie, il est surtout connu du grand public pour son roman Le Nom de la Rose paru en 1980. Titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l’École supérieure des sciences humaines à l’université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008. Son dernier ouvrage, Confession d’un jeune romancier, est sorti il y a quelques semaines.
Comment un jeune écrivain doit-il s’y prendre pour s’atteler à son premier roman ? Par quel chemin de ruse passer pour séduire son lecteur ? Et quel tour de magie doit-il accomplir pour persuader le monde que ses fictions sont des morceaux de réalité ? Telles sont les questions posées par l’éditeur en quatrième de couverture et dont le lecteur suppose avec gourmandise, les réponses à l’intérieur du bouquin. Un programme fort alléchant, en somme.
La réalité est bien différente. Si les questions sont posées en termes simples, les réponses – encore que je ne sois pas certain qu’elles y soient toutes – rédigées par Umberto Eco sont d’un tout autre matériau. Vous avez lu ci-dessus sa biographie rapide, vous comprendrez que l’auteur ne va pas se livrer en termes médiocres ou galvaudés, même si l’essai s’adresse à un grand public, il reste néanmoins un texte plutôt complexe à appréhender.
L’essai est découpé en quatre chapitres, je me suis régalé durant les cent premières pages, c'est-à-dire grosso-modo, les deux premiers chapitres puis j’ai décroché lentement. Le début du bouquin est passionnant sur les recherches et la préparation de ses romans, chaque écrivain ayant ses méthodes de travail. Il décortique et dépiaute les textes, leur sens voulu ou non par leur auteur, ce qu’en fait le traducteur et ce qu’en comprend le lecteur final. Les portes sont multiples et ouvrent vers autant d’interprétations, « l’acte de lire doit prendre en compte tous ces éléments, même s’il n’est guère vraisemblable qu’un seul lecteur puisse tous les maîtriser ».
C’est alors que le vertige commence à vous prendre car à trop disséquer et vouloir expliquer, le non intellectuel comme moi, passé l’éblouissement liminaire, se rend compte que l’étalage de toute cette « cuisine » tue un peu la magie de la lecture de ses romans. Bien sûr quand je lis ses œuvres de fictions, je sais très bien que m’échappent des références et des allusions, pour autant je prends un plaisir immense à ma lecture. Tout expliciter ne me sert pas à grand-chose s’il s’agit de références à des textes ou des auteurs que je ne connais pas ! En tout cas, voilà matière à ouvrir un débat.
Eco a une écriture alerte, un esprit ouvert et plein d’humour qui transparaît dans son texte mais sa très grande culture, quasi encyclopédique, crée un fossé entre lui et le lecteur lambda comme moi. Je vois très bien qu’il fait des efforts pour rester compréhensible par beaucoup mais trop c’est trop. Quant au dernier chapitre consacré aux listes, j’avoue que ce fut le coup de grâce…
Pour résumer, sur les deux-cent trente pages du bouquin, une centaine de pages m’ont séduit avant que je ne perde pied. Néanmoins, j’adore Eco et son écriture reste un régal pour moi, la preuve je suis allé jusqu’au bout de cet essai.
Umberto Eco Confessions d’un jeune romancier Grasset
Traduit de l’anglais par François Rosso
Les commentaires sont fermés.