Katarina Mazetti : Le Mec de la tombe d’à côté
20/07/2013
Katarina Mazetti, née en 1944, est une journaliste et écrivaine suédoise. Après des études de journalisme, elle débute dans des journaux locaux puis reprend ses études et obtient une maîtrise de littérature et d’anglais à l’Université de Lund. Elle travaille alors comme professeur puis comme producteur et journaliste à la Radio suédoise. Elle a écrit des livres pour tous les âges, ainsi que des critiques littéraires, des chansons, des comédies et des chroniques pour des journaux et la radio. Son premier roman pour adultes paru en 1999 (en France en 2006), Le Mec de la tombe d'à côté, se base sur son expérience de femme de paysan et sera un énorme succès international.
Désirée, bibliothécaire de 35 ans, se rend chaque jour durant sa pause-déjeuner sur la tombe de son mari. C’est là qu’elle fait connaissance avec Benny qui vient tout aussi régulièrement entretenir la tombe mitoyenne où repose sa mère récemment décédée. Agacés l’un et l’autre dans un premier temps, par leur présence concomitante en ce lieu, ils sont frappés par une sorte de coup de foudre ainsi décrit par Désirée « Et un arc de lumière a surgi entre nous, j’en mets ma tête à couper encore aujourd’hui ». Irrésistiblement attirés l’un par l’autre, ils engagent une relation amoureuse.
Mais dès qu’il s’agit au-delà de la relation physique, les choses se compliquent vite entre Désirée et Benny. Lui est un fermier, gérant seul la ferme héritée de ses parents. Ses vaches l’occupent toute la journée et tous les jours de l’année. Jamais de repos, jamais de vacances. Ses vieilles fringues pourries, l’odeur de la bouse collant à la peau, son logement en piteux état, voilà son quotidien. Elle, bibliothécaire, vit en ville à quarante kilomètres, dans un appartement aseptisé et se passionne pour la culture et les livres. Comme le constate amèrement Benny, « on va aussi bien ensemble que la merde et les pantalons verts, comme disait mon grand-père ».
Malgré le fossé culturel, le couple tente de se maintenir, mais il ne tient en fait que sur leur entente sexuelle. Maladroitement, l’un comme l’autre ils essaieront de se rapprocher mais leurs efforts restent trop égoïstes pour donner des résultats positifs. Inexorablement l’évidence se fait jour, leurs mondes et leurs souhaits de vie ne peuvent s’accommoder, ils se séparent. Après plusieurs mois et alors que chacun semble avoir repris sa vie en main et que le bouquin se termine, Désirée contacte Benny pour lui faire une proposition immédiate, dont je laisse les lecteurs faire la découverte.
Ne vous arrêtez pas au résumé de l’intrigue tel que je viens de le dresser. Certes, ça ressemble à « l’amour est dans le pré » mais voilà un bouquin particulièrement jubilatoire qui explique aisément son succès. Katarina Mazetti a un style alerte, la narration est rapide mais surtout, elle manie l’humour à la perfection, ce qui différencie ce livre de ce qui aurait pu sombrer en une bluette digne d’un roman de gare pour midinette. Par ailleurs, chaque scène est racontée alternativement par Désirée et Benny, une femme et un homme donnant leur version de la situation, c’est extrêmement bien vu. Un bouquin épatant, de la première à la dernière page.
« Je n’ai pas trouvé de chaussettes propres et la pompe n’a pas voulu fonctionner si bien qu’il n’y avait pas d’eau chaude, et quand je suis arrivé en courant devant les grilles du cimetière, je savais que je sentais l’étable. Parfois quand je vais à l’épicerie du village, j’oublie que je suis en bleu de travail jusqu‘à ce que je vois les gens s’écarter de moi. Ils imaginent peut-être que j’ai des problèmes de flatulences, de nos jours peu de gens savent reconnaitre une bonne vieille odeur de bouse. »
Katarina Mazetti Le Mec de la tombe d’à côté Babel
Traduit du suédois par Léna Grumbach et Catherine Marcus
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