Colum McCann : La Rivière de l’exil
21/08/2013
Colum McCann, né en 1965 à Dublin, est un écrivain Irlandais. Son père, un ancien joueur de football professionnel était également éditeur, éveillant un goût pour les livres chez le jeune Colum. Après des études de journalisme, il travaille comme rédacteur pour l'Evening Herald puis devient correspondant junior pour l'Evening Press de Dublin dans les années 1980. À l'âge de 21 ans il décide de se rendre aux États-Unis y multipliant les petits boulots avant de partir vivre au Japon puis à New York où il vit aujourd'hui. Paru chez nous en 1998 son roman, Les Saisons de la nuit, fut un succès colossal. La Rivière de l’exil, datant de 1999, est un recueil de douze nouvelles.
Bien que la nouvelle soit un genre différent du roman, Colum McCann s’en sort au moins aussi bien. On retrouve sa langue somptueuse où chaque phrase fait sens. Précision des mots et du vocabulaire mais aussi ellipses pour mettre le lecteur en danger, l’obliger à reprendre sa lecture pour s’assurer qu’il a bien compris le sens de la narration. Prose bien sûr mais poésie sous-jacente quand les mots forment des images qui évoquent des sensations ou des impressions. L’écrivain maîtrise parfaitement son art, faisant de chacune des nouvelles de ce recueil, un petit bijou littéraire.
Comme toujours avec ce type d’ouvrage, il faut faire une pause entre chaque nouvelle. Laisser un temps de décantation, digérer les émotions induites par le texte, la folie ou la maladie, la solitude comme le deuil, avant de s’attaquer à l’histoire suivante.
L’eau qui coule est toujours de l’eau mais n’est pourtant jamais la même, La Rivière de l’exil en est une nouvelle preuve. Douze textes, tous différents les uns des autres, mais tous nous parlent plus ou moins directement d’expatriés, l’un est argentin à San Francisco, l’autre japonais en Irlande, nombreux sont irlandais partis aux Etats-Unis, à moins qu’il ne s’agisse d’exilés d’eux-mêmes, abandonnés par la raison. Des personnages quelconques et anonymes au milieu d’une foule, mais des destins uniques superbement composés, le temps de quelques pages rédigées par un grand écrivain. Au fil des textes vous croiserez, une femme qui toilette sa sœur morte, un type qui découvre que sa femme est stripteaseuse dans la journée, un jeune garçon en fauteuil roulant, un assassin qui a peur dans le noir, une femme aveugle qui épouse un vétéran du Viêt-Nam paralytique…
Dans Une enfant volée, McCann cite cet extrait d’une poésie, « Car le monde est plus rempli de larmes que tu ne peux le comprendre » un crédo qu’il s’efforce justement de nous expliquer à travers son œuvre.
Colum McCann La Rivière de l’exil Belfond
Traduit de l’anglais (Irlande) par Michelle Herpe-Voslinsky
Les commentaires sont fermés.