Florian Rochat : Cougar corridor
28/10/2013
Ancien journaliste, amoureux de la nature, Florian Rochat qui vit au pied des montagnes du Jura suisse est aussi un familier de l'Ouest américain, notamment du Montana. Après avoir publié deux livres chez des éditeurs traditionnels, il s'est engagé depuis 2011, dans la voie de l'auto-publication numérique. Il a eu la gentillesse de m’adresser son roman Cougar corridor.
Dans le Montana, un enfant tué par un couguar déclenche un mouvement de révolte parmi la population locale. Il y a ceux qui veulent éliminer tous les lions de montagne immédiatement pour qu’un tel accident de se reproduise plus, citoyens ordinaires ou promoteur immobilier sur un projet en cours. Et il y a ceux qui connaissant bien ces félins ont d’autres propositions à faire, comme Julie une écologiste d’origine française qui veut aménager des corridors naturels facilitant la circulation des couguars dans cette région en pleine mutation urbaine. Sans entrer dans les détails, l’intrigue est pimentée par l’enlèvement de Julie et une sombre histoire de vengeance liée à la guerre du Vietnam.
Florian Rochat se débrouille plutôt bien pour mêler intrigue policière et plaidoyer écologique pour la sauvegarde des couguars, dans un roman s’inscrivant très légitimement dans la tradition du Nature Writing cher à mon cœur. L’écrivain connaît bien le pays et son histoire, lardant son texte de détails instructifs sur l’immigration ou les mouvements et groupuscules politiques, des écologiques aux milices du Montana, ainsi que de références à des traditions indiennes. Quant aux couguars, ils n’ont aucuns secrets pour lui et il nous les transmet, pas toujours avec subtilité mais c’est toujours intéressant et instructif.
Le roman n’est donc pas exempt de quelques passages un peu maladroits ou naïfs, je pense aussi à la présentation des personnages au début du roman et aux rares scènes romantiques entre les deux héros Julie et Mike (encore que là, ce soit un travers commun à énormément de romanciers, comment parler d’amour simple, sans être nunuche ?), mais tout le reste tient assez bien la route. L’écrivain aime les couguars et sa plume, dans deux beaux discours des défenseurs des lions de montagne s’adressant à la population vociférant, dégage de l’émotion et touche le lecteur.
Un roman agréable à lire, d’autant que coïncidence, la problématique des loups revient dans l’actualité en France et s’apparente aux problèmes de fond soulevés dans ce livre. Mon avis n’a certes pas valeur de référence mais sachez que Jim Fergus en pense beaucoup de bien « Florian Rochat a écrit un roman d'une étonnante justesse sur l’Ouest américain d'aujourd'hui. Méticuleusement documentée et habitée par de vrais personnages de chair et de sang, Cougar corridor est une histoire poignante et magnifique sur le thème de l'affrontement entre l'espèce humaine et le monde animal sur une planète qui se rétrécit. Hautement recommandé. »
« Depuis quelques heures, tout le monde dans la vallée parlait de la mort de Phil Bardgett. Et toute l’ambiguïté de la cohabitation de l’homme avec le grand félin resurgissait, nourrie de peurs ancestrales et irrationnelles. Certes, le lion de montagne manifestait plus ou moins régulièrement sa présence dans la moitié ouest du Montana en chassant aux marges des zones habitées. Quelques veaux et moutons. Quelques chiens. Des poules. Mais dans l’ensemble, le bilan de ces forfaits était assez insignifiant. Et peu de gens étaient victimes de ce prédateur. Moins d’une vingtaine de morts dans tout l’Ouest en plus de cent ans, et une cinquantaine de blessés. Salement atteints, pour certains. Défigurés, par exemple. A chaque fois, ces accidents suscitaient des réactions violentes dans la communauté où ils se produisaient. Pour une raison simple : ces animaux étaient sauvages. Donc incontrôlables, particularité inacceptable dans une société ayant placé sa sécurité au-dessus de tout. »
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4 commentaires
En effet, je me demande si on ne pourrait pas calquer cette situation des couguars là bas avec cellel du loup dans nos contrées.
Des animaux aux moeurs différentes mais leur place au sein d'un monde de plus en plus urbanisé et aseptisé devient vraiment problématique. La Nature, n'étant qu'une longue chaîne dont chaque être vivant est un maillon, la disparition de l'un d'eux a toujours des conséquences sur les autres... Une réalité pas toujours bien comprise par tous, me semble-t-il ?
Bah c'est dur de concilier nos 2 vies.
J'ai vu encore hier aux infos qu'en Australie ils tuent les requins dès qu'ils sont à 1km des cotes (à vérifier)
Donc que ce soit sur terre ou dans les mers, l'animal sauvage et l'homme au même endroit ça coince.
Oui Shanice, les humains veulent exclure de leur vie quotidienne tous risques ou toutes sources d’hostilité potentielle, mais ils sont aussi les premiers à vouloir plus de nature sauvage et vierge quand ils partent en vacances…
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