John Jeremiah Sullivan : Pulphead
21/11/2013
John Jeremiah Sullivan, né en 1974 dans le Kentucky, écrit pour le New York Times Magazine et diverses autres revues. Il est aussi rédacteur en chef de la section littérature du Sud des Etats-Unis pour la revue littéraire The Paris Review. Actuellement il vit à Wilmington en Caroline du Nord.
Pulphead qui vient de paraître en France, est un recueil de quatorze chroniques écrites pour des magazines et traitant de sujets complètement différents les uns des autres, d’un compte-rendu de festival rock chrétien (Sur cette pierre) à une enquête sur les rites funéraires de la période mississippienne (Des grottes sans nom) en passant par des portraits fouillés et intimes de Michael Jackson ou Axl Rose leader du groupe Guns & Roses. On songe parfois à Philippe Garnier, lui aussi journaliste, quand l’auteur se lance dans des chroniques extrêmement pointues sur des gens quasiment inconnus comme John Fahey (Des bardes inconnus) qui prendra part à la réhabilitation de vieux bluesmen comme Bukka White et Skip James, ou encore l’extraordinaire Samuel Rafinesque (1783-1840) naturaliste et archéologue au destin incroyable (Carrière d’un naturaliste excentrique).
Au fil de la lecture, ces chroniques à priori disparates révèlent des liens communs, construisant en creux une « certaine Amérique » comme on dit souvent ; Ici, c’est l’Amérique des Etats du Sud, celle de John Jeremiah Sullivan, « au charme tragique, un sentiment qu’on ne connaît que si on l’a éprouvé ». Si le journaliste a eu sa « phase Jésus » quand il était adolescent, ce qui semble courant à ses dires dans cette partie des Etats-Unis, il s’en est détaché jure-t-il, néanmoins aucune de ses chroniques n’échappe à une référence ou une allusion à la religion et l’accumulation fait tiquer le lecteur. Pour autant, ceci expliquant peut-être cela, il se dégage de cet ouvrage fort bien écrit au demeurant et très détaillé dans les faits cités, une bienveillance de l’auteur envers son prochain qu’on peut qualifier de chrétienne.
« … deux disques, cinquante chansons, un sous-titre, Pre-War Revenants (1897-1939). Quiconque s’intéresse à la culture américaine devrait trouver le moyen de se procurer ce disque. Il s’agit probablement des plus importantes archives rendues publiques en la matière depuis Harry Smith en 1952 et sa remarquable Anthology of American Folk Music, et cela pour la même raison : il consiste moins en un projet scientifique visant à conserver et divulguer d’obscurs enregistrements, si indispensable soit cette tâche, qu’en un état des lieux exhaustif réalisé par un être d’une sensibilité esthétique éclairée, où pointe, derrière la souffrance, le lien passionné qu’il entretint toute sa vie durant avec ces chansons et leurs nuances artistiques. Ecouter ce disque, c’est accéder à l’œuvre d’un Virgile. »
John Jeremiah Sullivan Pulphead Calmann-Lévy
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Bru et Estelle Jacquet-Dégez
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