Ian McEwan : Solaire
31/12/2013
Ian McEwan, né en 1948 à Aldershot, est un romancier et scénariste britannique. Il a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient à Singapour, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier écossais dans l’armée britannique, était en poste. Il a fait ses études à l’université du Sussex et l’université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d’écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Dès le début des années 1980, Ian McEwan s’impose sur la scène littéraire britannique et plusieurs de ses ouvrages ont été adaptés pour le cinéma. Son roman, Solaire, est paru en 2011.
Michael Beard, la cinquantaine, chauve et rondouillard à la moralité douteuse, a obtenu le prix Nobel de physique. Depuis lors il se repose sur ses lauriers et recycle indéfiniment la même conférence, se faisant payer des honoraires exorbitants. En même temps, il soutient sans trop y croire un projet gouvernemental à propos du réchauffement climatique. Quant à sa vie privée, elle aussi laisse à désirer. Coureur de jupons invétéré, Beard voit sa cinquième femme se venger en prenant un amant et le voilà dévoré de jalousie. Bientôt, à la faveur d'un accident, il pense trouver le moyen de surmonter ses ennuis et relancer sa carrière, tout en sauvant la planète d'un désastre climatique.
Si le titre du roman et son thème aborde le problème du réchauffement climatique, nous sommes loin de l’essai écologique ou du bouquin à thèse lourdingue, au contraire, ici tout n’est qu’humour et n’est guère loin d’un David Lodge, du moins est-ce à cet écrivain que j’ai pensé immédiatement durant les premières pages. Bien entendu il y a cet humour britannique fait de petites phrases ou remarques vachardes, lâchées comme si de rien n’était, mais Ian McEwan sait aussi utiliser le burlesque (le chapitre au Pôle Nord est une grosse rigolade), le vaudeville (le mari, la femme, l’amant et même le cadavre dans le salon !) ou le comique de répétition (analogie de scène entre Beard face à l’amant maçon et Beard face au passager du train avec le paquet de chips au vinaigre).
Nous sourions donc souvent et McEwan avec ce roman, prouve – pour ceux qui n’en seraient pas encore convaincus – qu’on peut rire de tout lorsque l’on sait y faire, car les thèmes abordés ici auraient aussi parfaitement convenu à un drame : les relations de couple qui se délitent, un homme qui ne veut pas d’enfant quand sa partenaire en veux un, l’amant décédé brutalement et un innocent accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, des travaux scientifiques « empruntés » sans scrupules et un réchauffement climatique de plus en plus prégnant.
Un roman extrêmement agréable à lire, pour se détendre, à intercaler entre deux lectures plus complexes.
« - Vous couchez avec ma femme depuis quand ? Aldous soupira, et sembla vouloir protester. Puis il se tassa sur lui-même, l’air résigné. – Environ un mois après notre première rencontre. – Après que je vous ai présentés. – Justement professeur. Vous étiez en déplacement à Birmingham ou à Manchester. En rentrant chez moi, je suis passé voir si Patrice n’avait besoin de rien… - Apparemment si. »
Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon
13 commentaires
J'ai adoré ce roman, où McEwan prouve qu'il peut nous faire rire (ses autres romans sont plus tragiques, à mon avis)
Je pense qu'effectivement ce roman très drôle doit être atypique dans l'oeuvre de McEwan. J'avais lu "Amsterdam" il y a longtemps et je ne m'attendais pas à rire autant avec ce "Solaire".
Je relis Mc Ewan en ce moment, celui ci est à lire évidemment!
Nathalia, vous semblez connaître l'oeuvre de Ian McEwan, pourriez-vous nous conseiller un de ses romans essentiels ?
Moi aussi, j'ai beaucoup beaucoup ri. Je me souviens de son arrivée dans la base polaire. Et de ses tentatives lubriques. Le personnage est à la fois pathétique et fini par être attachant pour cette raison. Ma compagne l'a lu et a énormément ri aussi de son périple polaire.
Oui Gilles, ce passage est carrément burlesque !
Le bouquineur, je repasse tardivement mais je repasse surtout après avoir lu votre billet sur le dernier roman de Donna Tart, et celui sur David Lodge ...
pour Mc Ewan, essayer Sur la plage de Chesil, un peu moins drôle que Solaire, beaucoup de lecteurs apprécient Expiation, à l'intrigue très très romanesque la construction du roman est intéressante. Au plaisir de vous lire
Merci Nathalie, cet échange m'a donné très envie de retourner en McEwanie et je vais essayer l'un des deux : Chesil ou Expiation.
Merci Nathalie pour vos précieux conseils. Je note ces références pour de prochaines lectures.
Et son dernier vient de sortir...
Instinctivement, je ne le « sens » pas trop son dernier ouvrage, au vu des critiques/résumés lus à droite et à gauche. Je vais d’abord me consacrer à ses romans antérieurs, ceux cités par Nathalie.
Je suis en train de lire "Sur la plage de Chesil" sur les conseils de Nathalie. J'aime cet approfondissement progressif et tournoyant des deux personnages et les allers-retours (si je puis dire !) de l'un à l'autre.
Je passerai ensuite à Expiation, je pense.
J'ai l'intention de vous suivre dans cette démarche, dans les mois prochains...
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