David McNeil : 28 boulevard des Capucines
23/01/2014
David McNeil, né en 1946 dans l’État de New York, est un auteur, compositeur, interprète de chansons, également auteur de romans, arrivé en France en 1948. Ses chansons ont, entre autres, été interprétées par Yves Montand, Alain Souchon, Julien Clerc, Sacha Distel, Robert Charlebois, Renaud, Laurent Voulzy... Sa mère vivant en Belgique, David McNeil fit partie autour des années 1970 du milieu du cinéma underground belge. Il avait décrit son enfance avec son père, le peintre Marc Chagall, dans son livre Quelques pas dans les pas d'un ange. Paru initialement en 2012, 28 boulevard des Capucines, vient tout juste de ressortir en poche.
Le 27 janvier 1997, alors que David McNeil n’a plus chanté sur scène depuis vingt ans, il est convié à donner un concert exceptionnel à l'Olympia, juste avant que la prestigieuse salle du boulevard des Capucines à Paris ne fasse peau neuve. A partir de ce prétexte, l’artiste va nous livrer souvenirs et anecdotes liées au monde musical surtout, mais aussi aux rencontres nombreuses qui ont émaillé sa vie.
Les tournées miteuses de ses débuts aux conditions beaucoup plus confortables qu’il constate lors des deux concerts de chauffe donnés en province avant l’Olympia, son ébahissement inattendu devant l’ampleur du chèque généré par les droits d’auteur de Mélissa (pour Julien Clerc) qui le sort du pétrin financier où il végétait, les sujets abordés sont vastes. Chaque chapitre du bouquin est dédié à un artiste qui l’accompagnera sur scène à l’Olympia, Robert Charlebois son grand copain, Alain Souchon, Renaud, Laurent Voulzy et d’autres. Mais je l’ai dit, David McNeil a eu le chic, toute sa vie, pour croiser beaucoup de gens bien différents, il y aura donc ici Robert Doisneau, Antoine Blondin et Chagall bien entendu, Yves Montand et Simone Signoret ou bien Patrick Modiano condisciple de lycée.
Le livre est très court, écrit sur un ton enjoué, mais sous cette apparente légèreté percent l’émotion ambigüe quand il évoque son père, « c’est ce jour-là que j’ai su que mon père me suivait de loin », le cynisme quand il se remémore les avantages matériels faciles dont les employés de RCA-France usaient et abusaient sans vergogne, « les absences au bureau dont tout le monde se fichait » et il balance quelques piques mine de rien, ne crachant pas sur le name dropping, « …le camp de cases Majax, ainsi appelées parce que le magicien y invitait ses conquêtes dans de méchants bungalows à six sous. » Ou bien les vacheries, « Henri Salvador savait vraiment crooner, merveilleux chanteur, mais bonhomme exécrable. » A moins qu’il ne fasse de l’humour noir à propos d’un guitariste de Renaud, François Ovide qui s’est suicidé : « Renaud l’a appelé de la réception. François à répondu : - Je descends tout de suite… Et il a sauté par la fenêtre du sixième étage. »
Un bon petit bouquin, qui se lit extrêmement vite avec une foule de personnages célèbres ou du moins connus et ma foi, fort bien écrit par cet observateur pointu du monde artistique. Du people de qualité ?
« Arrivés à destination, deux Espaces vous emmènent au théâtre, la balance des micros a été équilibrée, tout est en place, les amplis, la batterie, les éclairages sont réglés, les loges sont accueillantes, une collation est prévue avant le spectacle : des produits du terroir, dressés sur un petit buffet, un vin de Cahors, tout simple mais bien sympathique, après le spectacle un restaurant a été réservé, un vrai restaurant, pas un döner-kebab ou une pizzeria derrière le Macumba vide, l’hôtel est élégant, au matin, pas trop tôt, les Espaces sont là pour vous amener jusqu’au concert suivant, arrêt pour déjeuner sous une véranda… Si j’avais su ça plus tôt, j’aurais fait vedette. »
David McNeil 28 boulevard des Capucines Folio
David McNeil enregistré à l’Olympia en 1997 avec différents chanteurs que je vous laisse découvrir :
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