Gérard de Nerval à Saint-Germain-en-Laye
25/01/2014
Gérard de Nerval, pseudonyme de Gérard Labrunie (adopté en souvenir d'un lieu-dit, le clos de Nerval près de Loisy, à cheval sur la commune de Mortefontaine dans l’Oise, où il fut confié durant quelques mois à sa naissance à une nourrice), est un écrivain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855. Il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueils de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854.
Lié avec les grands écrivains romantiques (En bon soldat du romantisme, il est convoqué par Victor Hugo pour faire partie de la claque de soutien à Hernani), traducteur du Faust de Goethe (1828), il marque sa prédilection pour l’épanchement du rêve dans la réalité et du passé dans la vie présente. Ses sonnets et son roman Aurélia (1855) font de lui le précurseur de Baudelaire et de l’exploration surréaliste de l’inconscient. Sujet à des crises de démence, sa première crise de folie date de février 1841, il fut retrouvé pendu le 26 janvier 1855 aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet, le lieu de son suicide se trouverait probablement à l'emplacement du Théâtre de la Ville), pour « délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », selon la formule de Baudelaire.
Ses amis émirent l'hypothèse d'un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d'une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés, mais le suicide est la thèse généralement reconnue. Toutefois le doute subsiste car il fut retrouvé avec son chapeau sur la tête alors qu'il aurait normalement dû tomber du fait de l'agitation provoquée par la strangulation. On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l'hiver. La cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée malgré son suicide présumé du fait de son état mental. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise.
Grand voyageur, Gérard de Nerval parcourt l’Europe, Londres, la Belgique et les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Autriche, la Suisse et l’Italie mais c’est le 22 décembre 1842 qu’il part pour l’Orient, passant successivement par Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. De retour à Paris dans les derniers mois de 1843, il publie ses premiers articles relatifs à son voyage en 1844.
Et Saint-Germain-en-Laye dans tout cela me demanderez-vous ?
Le 29 novembre 1810, sa mère meurt à Głogów, en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari, médecin militaire. De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois dans l’Oise, puis chez son parrain Gérard Dublanc, pharmacien à la retraite retiré à Saint-Germain-en-Laye, au numéro 2 de la route de Mantes, au premier étage d’une maison de trois (depuis les années trente, 2 rue du Maréchal Joffre). Il y passera une partie de son enfance et de son adolescence dans la paix revenue de la Restauration. Pas encore bachelier, il y traduira en 1827/1828 - avec sans doute la collaboration de sa tante Augustine, femme de son parrain, qui est la fille d’un pragois et d’une Viennoise -, le Faust de Goethe.
Autre demeure familière de Gérard de Nerval, L’Auberge de l’ange gardien, 74 rue de Paris, actuellement 74 rue du Maréchal Lyautey. Il y descendra lors de ses derniers séjours, dans cette ville qui le reposait « Des agitations et des vaines querelles de la Capitale. »
Gérard de Nerval décrit sa visite dans une goguette de Saint-Germain-en-Laye et parle de son passé de goguettier dans son récit autobiographique Promenades et souvenirs. Il fut membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse. Ici une précision s’impose sur le terme de « goguette » qui n’est pas une faute de frappe pour « guinguette ».
Une goguette est à l’origine une pratique festive en France et en Belgique consistant à se réunir en petit groupe de moins de vingt personnes pour passer un bon moment ensemble et chanter des chansons. Puis cette pratique devient la base de sociétés festives et carnavalesques constituées. Des milliers de goguettes ont existé et disparu. Aujourd'hui, il en reste très peu. Cette pratique festive est le plus souvent oubliée. On ignore le plus souvent jusqu'à l'emploi du mot « goguette » utilisé dans le sens de « société chantante » qui n’est pas non plus une chorale, mais le plaisir de chanter seul devant les autres ou à plusieurs pour se distraire. A capella, ou accompagné au piano ou à la guitare.
Sources : Wikipedia – Le Petit Larousse - Christian Besse-Saige Une balade nervalienne à Saint-Germain-en-Laye (Editions Hybride 2005) – Photos : Le Bouquineur
La première photo correspond au 2 rue du Maréchal Joffre et la seconde au 74 rue du Maréchal Lyautey
2 commentaires
Je vous félicite pour votre éditorial. c'est un vrai exercice d'écriture. Continuez
Merci ! Vous êtes bien aimable....
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