Annie Proulx : Un as dans la manche
24/11/2014
Edna Annie Proulx, née en 1935 à Norwich dans le Connecticut, est une femme de lettres américaine. Annie Proulx a vécu plus de 30 ans dans le Vermont, s'est mariée et a divorcé trois fois, et a eu trois garçons et une fille. En 1994, elle a déménagé pour Saratoga dans le Wyoming, où elle vit actuellement tout en passant une partie de l'année au nord de Terre Neuve. Ecrivain multi-primé, elle a obtenu deux fois le prix O. Henry Prize pour la meilleure nouvelle de l'année. La première fois en 1998, pour Brokeback Mountain, qui avait été publiée dans le New Yorker en 1997 et sera adapté au cinéma en 2005. Son roman, Un as dans la manche, est paru en 2005.
Abandonné par ses parents partis vivre en Alaska alors qu’il était enfant, Bob Dollar, élevé par un vieil oncle brocanteur chez qui il travaille vaguement à sa sortie de l'université, décide à 25 ans de prendre sa vie en mains. Engagé par la « Mondiale de la Couenne » il doit écumer le Texas et y découvrir des sites pour élever des porcs, puis convaincre les propriétaires de ces fermes plus ou moins ruinées de les céder à la société.
Un livre qui me laisse encore perplexe, il y a énormément de bonnes choses et je ne critiquerai rien, mais pourtant une fois refermé, il me laisse un goût d’inachevé, comme s’il lui manquait quelque chose - que je n’ai pas identifié - pour en faire un vrai bon roman.
Peut-être est-ce sa construction, chaque chapitre m’a semblé être une nouvelle. Ici on apprend énormément sur l’histoire de cette région entre Oklahoma et Texas, le Panhandle (Une extension longue et étroite de la frontière d'une division administrative, dont la forme est similaire à la poignée d'une poêle) , où se déroule l’intrigue ; là, on va découvrir des personnages hauts en couleur, son copain le gros Orlando, le shérif incestueux Hugh Dough puis les habitants de Wollybucket, le bled où s’installe Bob pour prospecter, que ce soit LaVon et ses tarentules ou Cy Frease le cuistot. C’est très bien écrit, riche en précisions instructives de toute nature, souriant souvent, tendre et émouvant comme cet excellent chapitre où Bob prend en stop un vieil indien qui va rejoindre sa fille.
Le roman ne manque pas de fond non plus. Puisqu’il s’agit en fait de poser le problème de ces sociétés multinationales, en l’occurrence des porcheries industrielles, qui polluent des régions et obligent leurs habitants historiques à fuir où à périr. Bob, en immersion dans la population locale des petites gens, va se trouver confronté à un dilemme, faire le job pour lequel il est payé (« Vous savez que mes parents m’ont abandonné. Je ne veux pas leur ressembler. Je ne veux pas tout laisser en plan, quitter mon boulot sans l’avoir terminé. ») ou bien adhérer à la résistance de ceux qui luttent pour la sauvegarde de leurs terres (« Je parle de mon pays natal, de l’endroit où les miens vivent depuis cent vingt ans et des poussières entre les canyons et les collines. »)
Je vous avais prévenus, je n’ai aucune critique négative à faire de ce bouquin mais pourtant, je n’en sors pas comblé. Bizarre ?
« - Comme vous le voyez, c’est spartiate, dit la femme. Il n’y a pas d’électricité. Vous devez fournir vos draps et vos serviettes. Pour l’eau, il faudra aller la chercher à la cuisine. – Je suis preneur, dit Bob sans réfléchir vraiment aux inconvénients : traverser quotidiennement le pâturage, charrier des seaux d’eau, se passer de téléphone – car il était déjà séduit par la subtile beauté du Panhandle, il avait remarqué les bosquets et les fourrés au bord des cours d’eau, les énormes torsades de vigne qui tissaient autour des troncs comme une grossière étoffe. Il trouvait une beauté exotique et frappante à la diagonale audacieuse tracée par la crête broussailleuse qui séparait les hautes plaines du Sud, comme aux canyons rouges de Palo Duro. »
Annie Proulx Un as dans la manche Grasset – 433 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par André Zavriew
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