Anne-Cécile Makosso-Akendengué : Paysages intérieurs
16/01/2015
Anne-Cécile Makosso-Akendengué est née dans le Maine-et-Loire. Après une vingtaine d'années passées au Gabon pays de son époux, dont quelques unes à enseigner la philosophie, elle est actuellement disquaire à Angers. Elle est déjà l’auteur d’un roman intitulé Mathilde et son pianiste publié sous son nom de jeune fille (Frébeau), aux Éditions Les2encres en 2007 ainsi que d’un livre de souvenirs, Ceci n’est pas l’Afrique aux Éditions L’Harmattan. Paysages intérieurs, récemment paru, est un recueil de quinze nouvelles.
Ce qui frappe le plus à la lecture de ces textes, c’est la notion de proximité et d’unité. Proximité, car il ne s’agit pas de textes cherchant leur sujet bien loin ou se concluant sur des chutes originales leur donnant toute leur originalité. Au contraire, l’auteure nous parle de sa vie et si ce n’est pas elle, ça ne doit pas en être bien loin. Ces petites choses qui font nos vies, banales diront certains, mais néanmoins vies de la majorité d’entre nous. Il y a les décès de nos proches, ici, le grand-père alors qu’enfant encore elle ne veut y croire ou bien encore sa mère et incidemment on apprend que le père et le frère sont déjà partis.
La vie quotidienne est aussi évoquée, elle n’aime pas faire la cuisine, pour lutter contre les insomnies elle a une technique infaillible et là, surprise ! C’est exactement celle que j’utilise moi aussi mais dont je ne vous dirai rien pour vous obliger à lire le bouquin. Il y a aussi les poissons rouges de la voisine qu’elle doit garder quelques jours mais dont l’un crève dès le lendemain.
Notion d’unité aussi, car toutes ces histoires nous parle d’Anne-Cécile Makosso-Akendengué, elle aime la lecture, jouer du piano et écouter de la musique. Parfois on le suppose, pour d’autres nous en sommes certains quand par exemple elle évoque son premier roman ou parle littérature avec un inconnu dans un train. Et pour que cette unité soit fignolée au mieux, la première nouvelle relate son expérience professionnelle dans un centre d’appels téléphoniques, tandis que la dernière nous apprend qu’elle a quitté ce job provisoire pour un CDI ailleurs, ce qui boucle la boucle.
Le titre de l’ouvrage résume bien son contenu, des paysages intérieurs, des bribes d’émotions, des esquisses de sentiments, des tableaux aux petits formats discrets école impressionnistes ou aquarelles pâles. Un recueil ni drôle, ni triste, un doux-amer éveillant la nostalgie quand ses préoccupations rejoignent les nôtres mais aussi l’empathie pour une auteure dont on sent sourdre à travers les lignes une fêlure cachée, tenue en respect et en équilibre fragile, grâce à une écriture qui séduit par sa simplicité apparente.
« Le voyage se poursuit, la nuit est tombée. Le peu qui méritait d’être vu à travers la vitre ne peut plus l’être, si ce n’est lorsque nous passons dans une gare, sans nous arrêter, apercevant sur un quai quelques voyageurs en attente d’un train régional. Ils rentrent chez eux, peut-être les attend-t-on. Moi, si quelqu’un m’attendait, j’aurais sûrement moins envie de parler. Surtout pas à un homme que je ne pense pas revoir un jour. Que je n’ai aucune envie de revoir d’ailleurs, et c’est bien pour cela que je lui parle. J’espère que tout ce que je dis ne sera pour lui qu’un lointain souvenir, et moi une femme esseulée dont il rira peut-être un jour avec quelques amis. Je suis sûr qu’il a des amis. »
Anne-Cécile Makosso-Akendengué Paysages intérieurs Edilivre - 133 pages -
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