Anne-Cécile Makosso-Akendengué : Ceci n’est pas l’Afrique
20/02/2015
Anne-Cécile Makosso-Akendengué est née dans le Maine-et-Loire. Après une vingtaine d'années passées au Gabon pays de son époux, dont quelques unes à enseigner la philosophie, elle est actuellement disquaire à Angers. Un roman en 2007, Mathilde et son pianiste, publié sous son nom de jeune fille (Frébeau), un recueil de nouvelles, Paysages intérieurs en 2014, et ce livre, Ceci n’est pas l’Afrique, paru en 2010.
Sous-titré Récit d’une Française au Gabon, il s’agit d’un ensemble de courts textes évoquant le séjour de l’auteure dans ce pays d’Afrique, pays natal de son époux récent, où elle enseignera la philosophie. Quant au titre, Ceci n’est pas l’Afrique, impossible de ne pas y voir une allusion directe au peintre René Magritte et son fameux tableau Ceci n’est pas une pipe, qui lui permettait de jouer sur le décalage entre un objet et sa représentation. Car c’est de cela qu’il s’agit ici, parler de l’Afrique sans nous en donner les images touristiques auxquelles nous pourrions nous attendre.
J’avais bien aimé, Paysages intérieurs, je serai plus critique avec cet ouvrage. Certes on y retrouve la petite musique de l’écrivaine, des textes courts abordant de petits faits de la vie ordinaire d’une expatriée et une écriture toujours agréable à lire. Mais s’il y a aussi dans ce bouquin des zones d’ombre, elles apportent ici un effet négatif ou de baisse d’intérêt pour le lecteur. On s’étonne de ne voir jamais évoqué le mari diplomate ou les enfants, à peine sait-on qu’ils existent. De même, de nombreux passages sont trop vaguement développés et on ne comprend pas très bien de quoi il s’agit (les voleurs de sexe, par exemple).
C’est ce qui déconcerte un peu à lire ce récit, une sorte de désincarnation entre la narratrice et ce qu’elle nous raconte. Un flou artistique, comme une pudeur parfois, une volonté affirmée d’autres fois, de ne pas dire ce que le lecteur s’attend à entendre, « Avec du recul, je vois que mon article n’a pas évoqué l’essentiel : le charme des lieux, leur mystère, leur évidente simplicité. » Il y a aussi ce sentiment un peu effrayant de grande solitude intérieure, même si ses occupations sont nombreuses. Anne-Cécile Makosso-Akendengué voit bien les faiblesses de son texte mais elles les revendiquent crânement « Lorsque je j’essaye de parler d’autre chose que de ces images rebattues, je déçois. Et de ce que j’ai écrit, sans qu’on y retrouve les images attendues, drames pour l’humanitaire ou cartes postales colorées, ne me dira-ton pas : « ceci n’est pas l’Afrique ? » »
Un récit légèrement décevant car trop court et pas assez développé ce qui finalement amène le lecteur à ne pas bien voir quel était le but recherché par l’écrivaine.
« Les avocats, les mangues, les atangas, nous en avons à côté de chez nous, ils ne m’étonnent pas. Par contre d’autres fruits dont je ne connais pas les noms – en ont-ils en français ? – sont franchement des raretés ; fruits de la forêt, pas toujours fameux, « je vais essayer, je verrai bien ». Il faut oser, « je ne vais pas m’empoisonner » ! C’est ce que je dis, et ça ne coûte généralement pas plus de cent francs cfa. Pas chers, parce que pas demandés. On devine pourquoi ! Nous trouvons aussi du vin de palme. Lorsque nous allons au petit marché, nous prenons avec nous une bouteille pour en rapporter à la maison. Un peu sucré, un peu amer, il me monte à la tête. De lui aussi je me lasse vite, mais il a un goût de dimanche « à la campagne » irremplaçable. Et le charme d’une sortie toute simple. »
Anne-Cécile Makosso-Akendengué Ceci n’est pas l’Afrique L’Harmattan - 135 pages -
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