Jo Nesbo : Du sang sur la glace
25/03/2015
Jo Nesbo est un écrivain norvégien de romans policiers né en 1960 à Oslo. Il a d'abord été journaliste économique puis s'est dirigé vers la musique avec le groupe de pop Di Derre, l'un des plus célèbres en Norvège de 1993 à 1998. Son premier roman, L'Homme chauve-souris (1997), a tout de suite remporté un grand succès et il a obtenu l'année suivante le prix du meilleur roman policier scandinave de l'année. Son tout nouveau roman, Du sang sur la glace, arrive chez votre libraire.
Solitaire, Olav est tueur à gages (« expéditeur ») pour le compte de Daniel Hoffmann un patron de la drogue à Oslo, un métier comme un autre pour celui qui avoue « Je ne suis apte à rien sauf à une chose ». Pour son nouveau contrat, son boss lui demande de tuer sa femme. Elle ou un autre, pourquoi pas ? Sauf que, « Tandis que je me trouvais dans ces agréables pensées, Corina Hoffmann arriva dans le salon depuis la chambre à coucher et tout changea. La lumière. La température. » Olav tombe sous le charme de la dame et ça complique sévèrement les choses…
Jo Nesbo place Olav dans le rôle du narrateur et c’est sa première bonne idée car nous entrons dans l’intrigue comme le spectateur d’un film enregistré par une caméra subjective. Or comme l’induit « subjective », la vision de l’histoire s’avèrera déformée et c’est là, l’un des meilleurs attraits de ce roman qui en compte d’autres.
D’emblée on se prend d’empathie pour Olav, un garçon qui semble timide et gentil même si son boulot paraît contredire cette affirmation ; dyslexique, il lit et tente de s’instruire en autodidacte et il a un projet d’écriture. On comprend aussi qu’il n’est pas à l’aise avec les femmes, il a rompu une idylle qui s’amorçait avec Maria, une sourde-muette.
Si le bouquin est construit comme un polar à l’ancienne, il dépasse le genre pour se hisser au niveau d’un très bon roman. Je n’avais lu de l’auteur que L’Etoile du diable et déjà j’y voyais un bon écrivain, coincé dans le costume étroit du strict polar, mais avec ce nouveau livre il confirme largement tout le bien que je pensais de lui. Jo Nesbo écrit bien, il y a une sorte d’humour discret au travers des réflexions faites par le narrateur et quand les vérités se révèlent sans fracas au fil du récit, on s’émerveille de constater qu’on s’est fait gentiment balader. Enfin, ultime argument pour ne pas ignorer cet ouvrage, il est extrêmement court et par conséquent sans une once de graisse.
« Donc. En résumé, nous pouvons formuler les choses ainsi : je n’arrive pas à rouler lentement, je suis soft comme du beurre, je tombe bien trop facilement amoureux, je perds la tête quand je suis furieux, et je suis mauvais en maths. J’ai lu un ou deux trucs, mais j’en sais bien peu et en tout cas pas le genre de choses qui peuvent être utiles. Et j’écris plus lentement que ne se forme une stalactite. Alors à quoi diable un homme comme Daniel Hoffmann pouvait-il employer un homme comme moi ? La réponse est – comme vous l’aviez peut-être déjà déduit – expéditeur. »
Jo Nesbo Du sang sur la glace Gallimard Série Noire - 154 pages – (Parution prévue le 26 mars)
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
6 commentaires
Tiens tiens on dirait qu'il n'y a pas son policier habituel?
Exact ! Non seulement Harry Hole n’est pas de la partie mais il n’y a aucun policier ! Mais ce n’est pas plus mal, au contraire ( ?) car même si j’aime bien ces héros récurrents typiques des polars, il faut avouer qu’ils se ressemblent tous un peu et parfois ça lasse un peu…
Alors vous aimerez Chasseurs de têtes, du même Nesbo, et pas de Harry Hole (mais quel roman!)
Je note la référence dans mon calepin et si l'occasion se présente je saurai ne pas la rater. Merci Keisha !
Bien vu! Cette analyse rejoint en tous points mes notes de lecture. Et donne envie de découvrir d'autres livres de Jo Nesbo.
http://tinyurl.com/oy34c8a
Attention, depuis, j'ai lu "Chasseurs de têtes", voir mon billet, et je n'ai pas du tout aimé..... Pas du tout, du tout !!!
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