Livres en transit
28/06/2015
Parfois, sur le trottoir le jour des « encombrants » ou bien dans le local des poubelles de mon immeuble, je vois des livres dont le destin semble irrémédiable, tels des bœufs aux portes de l’abattoir. Ca me fait réellement mal au cœur. Que ce soient des livres de poche ou des formats brochés, que ce soient des chefs-d’œuvre de la littérature ou des nanars imbuvables, mon sentiment est le même, aucun livre de doit finir au pilon. J’en sauve certains quand leur lecture me parait envisageable mais je ne peux recueillir toutes ces bibliothèques…
Comment peut-on avoir l’idée de jeter des livres ? Je parle de livres en bon état. Qu’on veuille se séparer de ses bouquins, c’est compréhensible, le manque de place est une bonne raison. Mais il y a tant d’autres moyens de le faire. On peut par exemple, tenter de les refourguer chez Gibert ou un autre, les donner à Emmaüs, qui les remettront dans le circuit à prix bradés. On peut aussi les offrir à sa bibliothèque municipale, pour en faire profiter la communauté ; certes, ces bibliothèques ont des exigences, livres relativement récents et en état irréprochable sans notations dans les marges. Il m’est arrivé, sachant que ma bibliothèque ne voudrait pas de mes vieux livres, de les déposer devant leur porte avant l’ouverture, ils ont été soient « acceptés » bon gré mal gré, soient incorporés dans le stock des bouquins revendus lors de la braderie annuelle ; ils ont donc retrouvé une nouvelle vie.
Et puis ces dernières années, des idées nouvelles ont fleuri ici et là. Il y a eu ces livres qu’on abandonnait sur un banc pour que le premier venu s’en empare et le lise puis le dépose ailleurs, comme les abeilles butinant de fleur en fleur participent à la pollinisation, ces livres baladeurs favorisaient le désir de lecture en y introduisant une part de mystère : un livre abandonné ou perdu qu’on ramasse subrepticement, presque secrètement comme si on l’avait volé et qu’ensuite on libérera de la même manière…
La dernière idée à la mode, la réhabilitation des cabines téléphoniques dont l’usage s’est perdu avec l’arrivée des téléphones mobiles. Les médias en ont parlé, certaines villes reconvertissent ce mobilier urbain en mini-bibliothèques, j’adore le concept. Quelques étagères dans la cabine et chacun peut y déposer un bouquin ou en emprunter un pour le lire ou le feuilleter. Ma ville n’a pas encore ( ?) adopté l’idée, j’espère qu’elle y viendra car les quelques cabines semblent bien tristounettes depuis qu’elles sont abandonnées par tous. J’ai récemment séjourné dans une ville chère à Marcel Proust, dans le Calvados, en bord de mer et là j’y ai vu mieux encore : dans un petit square proche du Grand Hôtel, la municipalité a installé une jolie petite niche avec quelques livres. Un magnifique petit jardin dans un décor grandiose avec quelques bancs et à portée de main des livres… le paradis sur terre ?
Photo : Le Bouquineur
6 commentaires
A l'abri de la pluie, dans cette région là, c'est mieux.
Je donne mes livres à Emmaus ou à la bibli, les revends (ou tente de les vendre) en bourse aux livres, et les jette quand vraiment vraiment je ne peux faire autrement! J'ai une pile chez moi, pour les livres en transit...
Nous en sommes tous là, dans la mesure du possible, nous ne nous débarrassons de nos livres qu’avec l’idée de pouvoir les remettre dans le circuit en recherchant l’équivalent d’une SPA pour les livres…
Je peux tout jeter : fringues, chaussures, parfums, objets qui ne trouvent plus grâce à mes yeux, etc.
Tout, sauf les bouquins…
J'ignore pourquoi.
Il m'est arrivé de rester des heures, avant un déménagement, devant mes piles de livres, à me dire qu'il faudrait faire un tri, parce qu'en plus d'être encombrant, c'est lourd un carton de livres, ça pèse un âne mort... Pour des prunes !
Chaque année, mon vieux père me demande quand je débarrasserai enfin mon ancienne chambre et SON grenier de mes piles de bouquins qui s'y entassent encore…
Et il n'y a pas assez de bancs à Paris pour que je les remette dans un quelconque circuit…
Quand je pense que je ne relirai sans doute jamais 95% d'entre eux, je me pose des questions sur cette incapacité totale à me débarrasser de tous ces bouquins qui encombrent rayonnages, placards, etc. sur plusieurs rangs…
Je n'ai aucune réponse...
Nous sommes dans la même galère ! Il est très rare que je relise un roman, trop pris par tous ceux que je n’ai pas lus, et là je suis à la limite de mes capacités de stockage, c'est-à-dire que les bouquins sont sur deux rangs sur chaque étagère… Beaucoup devraient être virés car de piètre qualité, mais même pour eux ça me fait mal au cœur de devoir m’en séparer. J’ai l’impression d’être devant une portée de chats pour lesquels une décision doit être prise : du coup, lâcheté et procrastination, attendons encore un peu…
PS : j’ai vu sur Facebook votre nouvel ouvrage, devoir le lire sur mon ordinateur ressemble à une punition mais je vais tenter de le faire…
Mon dernier ouvrage ? Oh mon Dieu non, c'est mon premier, qui date de 25 ans... Et j'en ai cinquante - bientot... Je l'ai mis sur ce site sympa pour savoir s'il valait quelque chose, apres tout, je l'ai retrouvé presque par hasard... Je ne l'avais pas envoyé aux éditeurs, comme toujours, ni publié nulle part, j'étais deja têtue... Et je n'ai pas pensé que mon post sur facebook irait jusqu'à vous... En fait, je n'écris plus grand chose, faute de temps. Vivement la retraite, d'ailleurs... Alors de grâce ne vous punissez pas ! Si vous le souhaitez, je peux vous l'envoyer en pdf, ce qui vous éviterait une torture ! Mais c'est juste un petit polar commis dans ma jeunesse vous savez, rien de plus...
Ok pour le PDF et merci ! Vous faites bien de me préciser qu'il date, ainsi je ne le lirai pas du même oeil que s'il s'agissait d'une nouveauté !
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