Fredrik Ekelund : Blueberry Hill
05/10/2015
Né en 1953 à Uppsala en Suède, Fredrik Ekelund a étudié les lettres à Lund et à Paris. Il est l´auteur de pièces de théâtre, de romans classiques et policiers, de poésie et même de trois livres sur le football, une activité à laquelle il pensait se consacrer quand il était très jeune. Il a voyagé en Amérique du Sud, et travaillé comme traducteur et interprète. Mais c´est au port de Malmö, où le jeune Ekelund a bossé cinq ans, que tout a commencé, en lui donnant le sujet de son premier roman. Aujourd´hui, Fredrik Ekelund est reconnu en Suède comme un écrivain dans la tradition suédoise de la littérature prolétarienne.
Blueberry Hill, qui date de 2003 et vient de reparaitre en collection de poche, est le second volet du cycle, Une enquête de l’inspecteur Lindström et Monica Gren.
Sur le site du chantier naval désaffecté qui fit la gloire de la ville de Malmö, une bande de SDF a investi « Blueberry Hill », une zone de squats. Certains furent dockers, d’autres chefs d’entreprise, ils sont les laissés-pour-compte d’une société suédoise sur le déclin. Un soir, un squat prend feu et fait un mort. Des immeubles résidentiels avec vue sur mer ont été construits juste en face et surplombent le bidonville, ce qui pourrait inciter certains occupants à déclarer la guerre aux SDF qui font perdre de la valeur à leur bien immobilier. L’inspecteur Lindström et Monica Gren vont enquêter.
Leurs investigations les amèneront à examiner trois pistes possibles, un règlement de compte interne à la bande des SDF, un acte malveillant d’un habitant de l’immeuble proche, à moins que ce ne soit un coup du petit groupe de fachos qui sévit dans le coin. Fredrik Ekelund enrichit son texte de deux ingrédients, une intrigue sentimentale - un peu too much, à mon goût - entre l’inspecteur, marié, la soixantaine et cinq enfants, éperdu d’amour pour son adjointe beaucoup plus jeune, ce qui nous vaut des « l’homme de ma vie » et autres « c’est la plus belle femme du monde » péniblement gavant. Le second point, véritable sujet du roman, la montée de l’extrême droite dans son pays. Ici, un groupuscule néo-nazi, des jeunes gars quelconques, ressassant à l’envi, les thèmes habituels de cette mouvance, les étrangers qui prennent le travail des natifs, le déclin de la race aryenne etc.
Globalement le roman est d’un niveau tout à fait honorable, sans défaut majeur, même s’il ne se distingue pas par une inventivité particulière.
« Je suis vieille et j’ai l’impression qu’on aimerait que je m’en aille… - Pourquoi ? – Parce que « je gâte la racaille », comme ils disent, et je « contribue volontairement à faire perdre de la valeur aux logements ». C’est Tängbom qui prétend ça, mais il n’est pas le seul. Et je ne vais plus aux réunions de copropriété. – Mais que faites-vous pour vous attirer leur inimitié ? – Je suis chrétienne dans une époque qui ne l’est plus, c’est peut-être ça. Le samedi, vers midi, je leur apporte un quatre-quarts frais. C’est tout. Et je ne le fais pas par pitié, vous savez… Monica décela une étincelle de colère dans les beaux yeux bruns de la vieille femme. - … mais parce que je les trouve courageux. »
Fredrik Ekelund Blueberry Hill Folio policier - 352 pages –
Traduit du suédois par Philippe Bouquet
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