Patti Smith : Glaneurs de rêves
03/07/2016
Patricia Lee Smith dite Patti Smith, née en 1946 à Chicago, est une chanteuse et musicienne de rock, poète, peintre et photographe américaine. Son père, ancien danseur de claquettes, est employé de bureau dans une usine et sa mère, qui a abandonné une carrière de chanteuse de jazz pour élever ses quatre enfants, est serveuse dans un restaurant. A l'adolescence, Patti se détache de l’éducation très religieuse que sa mère, Témoin de Jéhovah, lui a donnée. Entrée à l'Ecole normale pour devenir institutrice, à 18 ans elle est radiée (suite à une grossesse) et doit travailler. Pendant la première partie des années 1970, Patti Smith pratique intensément la peinture, l'écriture, et se produit en tant qu'actrice au sein du groupe de poètes St Mark's Poetry Project. Les petits boulots alimentaires s’enchainent, les rencontres amoureuses on non aussi et de fil en aiguille, elle écrit des paroles de chansons (pour Blue Öyster Cult), des articles pour la presse rock (Creem, Rolling Stone) et finalement sort un premier album coup de tonnerre, Horses, en 1975.
Glaneurs de rêves, dont l’écriture a été achevée le jour du quarante-cinquième anniversaire de Patti Smith en 1991, dans les faubourgs de Detroit où elle vivait « avec mon mari et mes deux enfants, dans une vieille maison en pierre installée près d’un canal qui se jetait dans le lac Saint Clair », a été initialement publié aux Etats-Unis sous la forme d’un mince volume. En 2014, le texte est réédité et paraît en France dans une version augmentée, complétée de fragments inédits et accompagnée de nouvelles photographies et illustrations. Cette dernière version vient de paraître dans une collection de poche.
Comment parler de ce court texte qui mêle le récit autobiographique, des visions poétiques, des rêves ou des sensations qui par définition, touchent à l’émotif et à la perception ? Eventuellement on pourrait y voir une sorte de « cabinet de curiosités » si on se la joue intello, ou encore une approche du scrapbooking avec ce petit recueil fait de photos, poésies courtes, souvenirs…
Vous comprenez que je ne puisse aller beaucoup plus loin dans le contenu de cet ouvrage. Parmi les éléments tangibles, Patti Smith nous parle de sa famille, sa mère mais surtout sa sœur Kimberly, sa cadette – imprévue - d’une dizaine d’années, souffrant d’asthme. Quant à Patti nous la retrouvons jeune mais déjà comme elle deviendra plus tard, artiste dans l’âme, portée à la somnolence (et donc au rêve), éprise des vieilles frusques (« mon imperméable (…) une guenille absurde que j’adorais », « les pans du manteau élimé »). Nous ne couperons pas à un passage très émouvant sur la mort de son chien Bambi quand elle était gamine. La mort d’un chien, ça fait cliché, mais difficile de nier pour autant que ça touche à tous les coups !
Récit tendre, pour retrouver les émotions et la pureté de l’enfance, et ces fameux rêves qui pour Patti Smith sont « une communion née de l’amour et de l’innocence. » Avec cette garantie, « Tout ce que contient ce petit livre est vrai, et écrit exactement tel que ça s’est passé. »
« Par certaines nuits spécialement claires, il m’arrivait de voir du mouvement dans les herbes. Au début, je pensais que c’était l’envol de la chouette effraie ou les grandes ailes pâles d’un papillon lune qui se déployaient et se repliaient tel un habit médiéval. Mais j’ai compris une nuit que c’étaient des êtres comme je n’en avais jamais vu, vêtus d’étranges costumes et de coiffes archaïques. Je pensais alors que je pouvais voir le blanc de leurs bonnets et, par instants, une main, en train d’attraper quelque chose, illuminée par la lune et les étoiles ou les phares d’une voiture. »
Patti Smith Glaneurs de rêves Folio – 100 pages –
Traduit de l’américain par Héloïse Esquié
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