Brian Panowich : Bull Mountain
12/07/2016
Je ne sais pas grand chose de Brian Panowich. Il aurait grandi en Europe et actuellement, pompier de son métier, il vit dans l'est de la Géorgie avec sa femme et leurs quatre enfants. Bull Mountain, son premier roman vient de paraître.
« Chez les Burroughs, on est hors-la-loi de père en fils. Depuis des générations, le clan est perché sur les hauteurs de Bull Mountain, en Géorgie du Nord, d’où il écoule alcool de contrebande, cannabis et amphétamines jusque dans six Etats, sans jamais avoir été inquiété par les autorités. Clayton, le dernier de la lignée, a tourné le dos à sa fratrie, et comme pour mettre le maximum de distance entre lui et les siens, il est devenu shérif du comté. A défaut de faire régner la loi, il maintient un semblant de paix. Jusqu’au jour où débarque Holly, un agent fédéral décidé à démanteler le trafic des montagnards. Clayton se résout alors à remonter là-haut pour proposer un marché à son frère… »
Encore un bouquin entamé avec entrain car encensé par un magazine littéraire bien connu, tout en superlatifs alléchants, même James Ellroy en aurait dit du bien. Et c’est vrai que le début se présente bien, on est dans le polar rural, un bled de l’Amérique profonde où tout le monde se connait, avec une lignée familiale virile pour ne pas dire carrément dangereuse qui de génération en génération affine son business de trafics divers, pimenté par l’écrivain de références bibliques à Abel et Caïn pour épicer son ragout. J’étais donc en terrain familier, ce genre qui mêle le polar au Nature Writing et puis… au fil des pages ma bienveillance a commencé à s’estomper.
Le découpage des chapitres m’a agacé, trop simpliste (portrait de l’un, portrait de l’autre, flashbacks) et cassant le rythme ; des incohérences de situations ont pointé (« Il s’approcha presque suffisamment de lui pour lui chuchoter à l’oreille. (…) Halford descendit la volée de marches qui le séparait de son frère… »), les dialogues se sont mis à ne plus sonner justes. Et l’intrigue a pris l’eau carrément, de plus en plus abracadabrante (le lien entre Holly et Clayton, c’est du grand n’importe quoi !) avec un épilogue se voulant rebondissement ahurissant, qui certes est ahurissant mais pas dans un sens positif.
On va me dire que c’est un premier roman, oui et alors ? Une histoire très quelconque, faite de plans piqués à droite et à gauche chez les meilleurs écrivains mais il y manque le principal, une âme, une force intérieure qui accule le lecteur dans ses derniers retranchements moraux, au cœur du noir. Rien de tout cela ici. Un polar franchement décevant, pour ne pas dire pire.
« Nous savons exactement où se trouvent les seize laboratoires où votre frère fait sa petite cuisine, et nous connaissons les itinéraires qui mènent en Floride, en Alabama, dans les deux Caroline et au Tennessee. Les mecs ont le doigt sur la détente, ils vous laissent sur la touche exprès, et beaucoup de gens vont mourir. Les règles ont changé avec le 11 Septembre. Si on veut, on a tout le champ pour mener à bien notre opération sans quasiment de comptes à rendre. Ca leur pend au nez depuis un moment. (…) Le pouvoir en place veut tellement s’approprier les bénéfices que génère cette montagne qu’il est prêt à tout cramer plutôt que voir votre frère leur faire la nique un jour de plus. »
Brian Panowich Bull Mountain Actes Sud - 325 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laure Manceau
8 commentaires
Ce livre est vraiment génial ^^
J’ai bien vu que tout le monde disait du bien de ce roman mais franchement, moi je le trouve très très quelconque ! Comme quoi, tous les goûts sont dans la nature…
Enfin, je me sens moins seule. La réputation de ce premier roman m'apparaît surfaite! Et que dire de la fin tirée par les cheveux.
Merci mille fois d'être venue spontanément témoigner en ma faveur... car je me sentais bien seul moi aussi !
C'est donc ça le roman dont tout le monde parle ?
Les 20 premières pages promettent. Beaucoup.
Mais voilà, plus jamais je n'ai retrouvé cette tension.
Pire, petit à petit, ça décline. L'écriture elle-même devient moins bonne, moins percutante qu'au tout début. Le chapitres très - trop -courts (histoire de parler un peu de tout le monde, mais ça reste très en surface et n'approfondit en rien leur psychologie) plombent le rythme. Les dialogues - puériles - sont les plus gros défauts du roman, ils ne collent pas aux personnages qui en deviennent presque comiques. Les personnages perdent lentement de leur densité, leur psychologie s'étiole. Que dire du dénouement si ce n'est qu'il est expédié. L'action peu fluide, les affrontements terriblement et inutilement verbeux (à ce titre, le final est vraiment naze). Très vite, j'ai eu le sentiment que l'auteur a voulu épaissir son bouquin en meublant avec des scènes peu utiles et des bavardages peu crédibles, sur-explicatifs qui affadissent une intensité déjà peu présente.
Une ENORME déception.
Nous nous comprenons parfaitement ! Rien de plus à ajouter, si ce n'est merci mon ami d'être venu témoigner...
En effet.
On est à des années lumières de la vraie noirceur bouleversante d'un PIKE ou d'un CRY FATHER pour citer un nouveau venu (Benjamin Whitmer).
W
Romans dont j'avais dit tout le bien que j'en pensais ici....
Les commentaires sont fermés.