Jim Tully : Vagabonds de la vie
24/07/2016
Jim Tully, né de parents immigrés Irlandais dans l’Ohio en 1886 et décédé en Floride en 1947, a vécu plusieurs vies. Garçon de ferme, boxeur, conseiller à Hollywood (pour Charlie Chaplin pendant le tournage de La Ruée vers l’or), c’est aussi un écrivain qui dès les années 1920 se partagea entre littérature et journalisme pour de nombreux magazines tels Esquire, Vanity Fair, etc.
Le présent ouvrage qui vient de paraître, Vagabonds de la vie, autobiographie d’un hobo, revient sur une époque difficile de la vie de Jim Tully, les six années courant de 1901 à 1907, où très jeune encore, il s’embarqua dans l’aventure ferroviaire chère aux clochards célestes.
S’il y a un mot qui m’a toujours fait rêver, c’est bien ce « hobo », croisé aussi bien dans la littérature que dans les chansons d’artistes américains. Aux Etats-Unis, le terme désigne un sans domicile fixe se déplaçant de ville en ville, le plus souvent en se cachant dans des trains de marchandises, et vivant de travaux manuels saisonniers et d'expédients. Bien entendu mes rêves se conforment mal avec la réalité qui n’est pas aussi rose, l’idée de liberté absolue, de voyages et de grands espaces devant être opposée aux souffrances (la faim, le froid) et aux violences physiques (bagarres entre trimardeurs ou avec les flics du train).
C’est de cette réalité qu’il sera question ici. Dans les pas de Jim nous allons faire connaissance avec des personnages pittoresques à défaut d’être toujours de bonne compagnie. Poivrots, voleurs, bagarreurs voire criminels, les hobos vivent de la mendicité des gens pauvres ou de petites arnaques qui paieront leur gnôle. « Ces hommes étaient des pauvres diables, des petits escrocs en loques. » De ses rencontres, l’écrivain ne gardera un souvenir ému que des prostituées, qui toujours lui apporteront un secours modeste mais bienvenu quand la dèche sera à son comble.
Jim Tully va sillonner les Etats-Unis en long et en large, croiser et recroiser tel ou tel, se faire des amis comme Bill, un fugueur ; il va frôler la mort, touché par la typhoïde et la malaria, être mêlé à des évènements guère brillants, le plus souvent en tant que témoin comme cet horrible épisode où un Noir est lynché. L’écrivain raconte ses souvenirs comme le ferait un journaliste, sans y mettre de pathos, les faits se suffisent à eux-mêmes ; ils sont ainsi, chacun en jugera comme sa morale l’entend.
Un bouquin très intéressant pour qui veut se plonger dans ce monde parallèle qui a ses règles, son argot, ses combines. Le récit est moins rude ou émouvant que celui de Jack London (Les vagabonds du rail) ou bien de Woody Guthrie (En route vers la gloire), il n’a pas le souffle de l’épopée d’un Jack Kerouac, il se rapproche peut-être plus d’un Mark Twain…
En ce temps de vacances et de voyages, vous lirez cette autobiographie en écoutant un disque de Woody Guthrie ou bien un Bob Dylan des débuts.
« Les verres défilèrent et le clochard devint plus loquace. Il nous montra une lettre d’un directeur de prison de Géorgie. On pouvait y lire que le détenteur de la missive avait purgé une peine de onze mois et vingt-neuf jours. Bien qu’il eût été condamné pour vagabondage, il s’était bien conduit et son travail avait été irréprochable. Le pauvre bougre en tirait autant de fierté que des hommes plus chanceux de leurs diplômes, ce qui ne vaut guère plus. »
Jim Tully Vagabonds de la vie, autobiographie d’un hobo Les Editions du Sonneur – 285 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Beauchamp
2 commentaires
un livre qui peut m’intéresser je vais le mettre sur une liste , merci!
Une bonne lecture assurément...
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