Isaac Asimov : Cher Jupiter
06/02/2017
Isaac Asimov, né en 1920 à Petrovitchi (en Russie) et mort en 1992 à New York, est un écrivain américano-russe, naturalisé en 1928, surtout connu pour ses œuvres de science-fiction et ses livres de vulgarisation scientifique. Ses études furent assez brillantes pour lui permettre, grâce à une bourse, d’entrer à l’université Columbia. Il passa d’abord une licence en sciences (1939) avant d’obtenir une maîtrise en chimie (1941) et, finalement, un doctorat en biochimie (1948), puis il obtint un poste de chargé de cours à l’université de Boston. Entre-temps, il accomplit son service militaire, au cours duquel il fut nommé caporal. Parallèlement, il commença à écrire de la science-fiction et vit sa première nouvelle publiée en 1939. Asimov laisse derrière lui plus de 500 livres.
A l’origine, Cher Jupiter est un recueil de nouvelles de science-fiction d'Isaac Asimov paru en 1975 et qui rassemble de courts textes déjà publiés précédemment dans des magazines de science-fiction, des fanzines ou des anthologies. Ce recueil a été découpé en France en deux parties, Cher Jupiter en est la seconde et a été publiée pour la première fois en 1977. En 2017, les éditions Gallimard rééditent dans la collection Folio SF le recueil original en un seul volume sous le titre Cher Jupiter qui lui contient vingt-quatre nouvelles, dans l’ordre chronologique de leur écriture, entre le début des années 50 et 1973.
Vingt-quatre textes où l’écrivain déploie tout son talent d’imagination. Je ne vais pas entrer dans le détail de chacun mais disons qu’il y a un singe qui tape à la machine à écrire, la radioactivité qui disparait de la surface terrestre, deux astronautes qui se retrouvent sur une planète déserte après que la Terre soit morte, une machine à remonter le temps qui se bloque intempestivement, une planète où les plantes sont des entités supérieures, une autre où le climat hostile sera vaincu par la mort de ses explorateurs, un ordinateur qui devient humain etc.
Tout le monde n’aime pas la SF – ce que je ne critique pas – c’est à ceux-là que je veux m’adresser, laissez vous tenter par ce bouquin. D’abord, parce que des nouvelles c’est toujours facile à lire et qu’on peut faire des pauses entre chacune. Ensuite, parce qu’il s’agit ici d’Isaac Asimov, ce qui n’est pas rien, un des maîtres du genre. L’écriture est particulièrement plaisante à lire, simple en apparence et surtout, argument essentiel à mon sens, l’humour quasiment toujours sous-jacent rend l’écrivain irrésistible (l’auteur était un grand admirateur de P.G. Wodehouse…).
Tout n’est pas drôle pour autant, on peut même s’angoisser ou s’effrayer quand Asimov décrit un monde futur où les animaux et les plantes ont été éradiqués de la planète sciemment. C’est l’angle écologique du recueil qui s’ajoute à la problématique très forte à l’époque, la crainte d’un conflit nucléaire et plus généralement pour l’écrivain, la description d’un monde futur assez inquiétant.
Dernier point particulièrement intéressant de ce recueil, chaque nouvelle fait l’objet d’une présentation par l’auteur, de réflexions sur l’écriture « Presque tout écrivain débutant s’essaie à l’humour, convaincu que c’est une chose facile à faire », le tout mêlé à des détails autobiographiques de sa vie d’alors, ce qui donne l’impression de lire deux livres en parallèle.
« Maintenant, enfin, l’évolution a atteint son apogée. La Terre porte sa puissante population de quinze billions d’êtres humains… - Mais comment ? demanda Cranwitz. Ils vivent dans un unique et immense bâtiment qui occupe toute la surface d’une terre aride, sans plantes ni animaux autour d’eux, en dehors de ce que j’ai ici. Et tout l’océan inhabité est devenu une soupe de plancton ; pas de vie, mais du plancton. Nous le récoltons indéfiniment pour nourrir les gens, et, tout aussi indéfiniment, nous restituons de la matière organique pour nourrir le plancton. – Nous vivons très bien, dit Alvarez. Il n’y a pas de guerre. Il n’y a pas de crimes. » [2430]
Isaac Asimov Cher Jupiter Folio - 372 pages –
Traduit de l’américain par Anne Villelaur
2 commentaires
Je suis souvent à deux doigts de relire Asimov (forcément, oui, relire). J'adorais ses présentations des nouvelles, et son humour.Après, on lui reproche le manque d’éléments féminins, mais il faut voir l'époque.
Ces (excellentes) nouvelles sont en effet un bon moyen de lire la SF (avant de craquer pour Fondation, j'espère que vous le ferez ou l'avez déjà fait?)
J’ai lu les classiques de la SF quand j’étais plus jeune, il y a un certain temps donc et depuis je ne suis plus attiré par ce genre. Ce bouquin d’Asimov m’est tombé dans les mains par un heureux hasard qui m’a rajeuni et surtout comblé d’un point de vue littéraire. Suite à ce billet j’ai consulté la bibliographie de l’auteur et si j’ai lu plusieurs volumes du cycle « Fondation » je constate que je ne les ai pas tous lus ! Une erreur qu’il faudrait réparer c’est certain… mais il y a tant de livres à lire…
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