Lire et relire
17/03/2017
En théorie, presque tous les livres que nous lisons devraient être relus. Je dis « presque » car bien entendu je ne parle que des livres ayant un minimum de valeur littéraire.
Comment être certain d’avoir réellement compris un roman, c'est-à-dire sa portée philosophique ou son message de vie, en se basant sur une lecture unique ? Si on lit un bouquin durant une période de notre vie où nous sommes euphoriques ou tristes, les sensations que nous en retirerons seront différentes car l’interprétation du texte en sera biaisée par notre humeur du moment. Aucune lecture n’est vraiment objective.
Le constat est encore plus évident quand il s’applique à une lecture faite à l’adolescence confronté à une relecture du même ouvrage, à un âge honorable. On n’y retrouve plus les mêmes plaisirs, par contre on peut y découvrir des angles ou des idées qui nous avaient échappé autrefois : le roman peut donc nous apparaître alors, meilleur ou moins bon, selon les cas. Et quand il est moins bon, c’est franchement douloureux car cela ouvre des perspectives négatives sur notre jeunesse passée et donc une remise en cause de notre « moi » d’hier. Mais lequel de ces deux avis est le plus proche de la vérité, celui d’autrefois ou celui de maintenant ? J’imagine que ça dépend des livres…
L’idéal peut-être, pour les livres lus dans notre jeunesse, serait de les reprendre vers la quarantaine puis enfin, à l’âge de la retraite, pour s’en faire une idée définitive, basée sur une sorte de moyenne.
Bien entendu, comme je l’ai dit d’emblée, c’est en théorie. Car devant les piles de bouquins jamais lus encore qui m’attirent comme le chant des sirènes dès que j’entre dans une librairie, il m’est matériellement impossible de consacrer autant de temps à la relecture que ce que ma théorie voudrait rendre souhaitable. Je ne relis pour ainsi dire jamais, ou du moins c’est extrêmement rare ; je m’en mors les doigts assez souvent, quand je sors d’un bouquin très mauvais qui m’a fait perdre mon temps, ou quand j’aimerais vraiment relire un classique mais qu’à ce moment paraît une nouveauté qui me semble incontournable.
Grrr ! Tout cela est franchement bien agaçant.
5 commentaires
"La chair set triste, hélas, et j'ai lu tous les les livres" (Paul Valéry, que je cite de mémoire)
"Arrête de gémir, Paulo, relis-les !" (Condie raïs, que je cite de mémoire aussi…)
Et excellent billet, merci pour cette réflexion qui m'a fait penser au Portrait de Dorian Gray, que j'ai lu mainte et mainte fois depuis l'adolescence, parfois déçue, parfois enchantée par des choses qui m'avaient échappées… Quant à tous ceux que je voudrais lire et que je n'aurai jamais le temps d'ouvrir, j'ai depuis longtemps lâché prise...
Je pense effectivement qu’il « faut lâcher prise » et accepter simplement l’idée qu’on ne pourra jamais relire tous les livres qu’on aimerait rouvrir…
Il peut y avoir des occasions qui nous amènent à relire, récemment pour moi un Balzac, une lecture commune avec une blogueuse (il y a pire! ^_^) J'ai constaté que mes impressions étaient différentes... J'ai la chance de relire de temps en temps, et je conseille, pour évidemment les livres qui en valent la peine. J'ai ainsi donné sa chance à Madame Bovary, maltraitée au lycée...
Comme vous l’avez compris en lisant mon billet, ne pas pouvoir relire un bouquin est un grand regret pour moi ! Cela dit, ça reflète un manque de volonté évident de ma part… je ne suis pas assez sot pour ne pas le comprendre.
Mais c'est normal qu'on veuille découvrir ce qu'on n'a pas encore lu, de bons romans nous ont échappé, c'est sûr.
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