Colette à Paris
07/05/2017
Colette, de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, romancière française (mais aussi mime, actrice et journaliste) née à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) le 28 janvier 1873, morte à Paris le 3 août 1954. Elle a été élue membre de l’Académie Goncourt en 1945.
Adolescente, Gabrielle rencontre Henry Gauthier-Villars, surnommé « Willy », avec qui elle se marie le 15 mai 1893 à Châtillon-sur-Loing. Willy est un critique musical très influent et un auteur prolifique de romans populaires, écrits en tout ou partie par des nègres. Il est aussi l'un des propriétaires de la maison d'édition Gauthier-Villars au 55 quai des Grands-Augustins, et le couple s'installe au dernier étage de l'immeuble avant d’emménager à la fin de juin 1893 dans un appartement situé au troisième étage du 28 rue Jacob (quartier de Saint-Germain des Prés, dans le sixième arrondissement, elle relie la rue des Saints Pères à la rue de Seine) avec vue sur cour. Dans Mes apprentissages (1936) Colette évoque ce séjour : « Sombre, attrayant comme sont certains lieux qui ont étouffé trop d’âmes, je crois que ce petit logement était très triste. » Quant au jardinet qu’elle devinait de sa fenêtre : « Ce jardin, je n’en pouvait entrevoir, en me penchant très fort sur l’appui de la fenêtre, que la pointe d’un arbre. J’ignorais que ce repaire de feuilles agitées marquait la demeure préférée de Rémy de Gourmont, écrivain lui-même, et le jardin de son « amazone ». »
Willy introduit sa jeune femme dans les cercles littéraires et musicaux de la capitale où Gabrielle fait sensation avec l'accent rocailleux de sa Bourgogne natale. Surpris par les dons d'écriture de sa jeune épouse, Willy l'utilise elle aussi comme nègre littéraire.
En 1895, il l'engage à écrire ses souvenirs d'école, puis les signe de son seul nom. Ainsi paraît, sous le pseudonyme « Willy », Claudine à l'école, bientôt suivi d'une série de Claudine (La Maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, etc.).
Séducteur compulsif Willy entretient, entre autres, une liaison avec la femme d'Emile Cohl (dessinateur), Marie-Louise Servat, dont il a eu un fils, Jacques Henry Gauthier-Villars, né en 1889, et donc bien avant leur mariage ; c'est d'ailleurs en mettant cet enfant en nourrice à Chatillon-Coligny qu'il rencontre Colette. Celle-ci, jalouse et frustrée, se libère de plus en plus de cette tutelle. En 1905, elle publie Dialogues de bêtes sous le nom de Colette Willy.
Pour gagner sa vie, encouragée par le comédien et mime Georges Wague (1874-1965), elle poursuit de 1906 à 1912 une carrière au music-hall, où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues très légères (la préfecture de police interdit notamment son spectacle de pantomime nu sous une peau de panthère), puis se produit au théâtre Marigny, au Moulin Rouge, au Bataclan ou en province. Ce sont des années de scandale et de libération morale : après son divorce d'avec Willy en 1906, elle vit plusieurs aventures féminines, notamment avec Mathilde de Morny (Missy), fille du duc de Morny et sa partenaire sur scène, en 1911, chez qui elle vit le plus souvent et qui lui a offert une villa à Saint-Coulomb en Bretagne, ou avec Natalie Clifford Barney dite « l'Amazone ». Durant toute cette période, Colette chemine aussi dans sa vocation d'écrivain. Elle publie des ouvrages évoquant ces années, comme La Vagabonde, L'Envers du music-hall ou En tournée.
Après une brève liaison avec Auguste-Olympe Hériot, rencontré à la fin de 1909, elle fait la connaissance d'Henry de Jouvenel, politicien et journaliste, qu'elle épouse en 1912 et qui l'engage à donner quelques billets et reportages au journal Le Matin, dont il est le rédacteur en chef. De lui, elle a son seul enfant, Colette Renée de Jouvenel, dite « Bel-Gazou » (« beau gazouillis » en provençal). A plus de quarante ans, alors que son mari la trompe, elle initie à l'amour le fils de son époux, Bertrand de Jouvenel, qui n'a pas encore dix-sept ans. Cette relation qui dure cinq années nourrit les thèmes et les situations dans Le Blé en herbe. En ce qui concerne Chéri, c'est un fantasme devenu réalité, puisque le livre publié en 1920 a été conçu en 1912, soit quelques années avant sa liaison avec Bertrand de Jouvenel. Le divorce d'avec Henry de Jouvenel sera prononcé en 1923. Comme elle le fera pour Willy dans Mes apprentissages, Colette se vengera de son ex-mari par un roman, Julie de Carneilhan. Elle rencontre son troisième mari, Maurice Goudeket, en accompagnant son amie Marguerite Moreno, chez Andrée Bloch-Levalois, au début de l'année 1925.
Pendant l'Occupation, elle séjourne quelques mois chez sa fille en Corrèze puis revient à Paris, avec Maurice Goudeket (qu'elle sauva de la Gestapo), passer toute la durée de la guerre dans son appartement du Palais-Royal au 9 de la rue de Beaujolais, une très étroite rue derrière le Palais-Royal et à deux pas de la Bibliothèque Nationale de France rue de Richelieu. Immobilisée dans sa « solitude en hauteur » dans son « lit-radeau » (offert par la princesse de Polignac) par une arthrite de la hanche, elle continue d'écrire. Elle habitera en fait à deux époques à cette adresse : après avoir quitté un logement du boulevard Suchet, elle occupe un entresol de 1927 à 1929, son « tunnel » qu’elle décrit ainsi « Il était noir ! Il fallait de la lumière toute la journée. Il était si étroit qu’on y pouvait manger que de l’anguille. » C’était en fait le « poste de guet pour demoiselles de plaisir » d’un ancien bordel… Plusieurs années plus tard, de 1938 à sa mort en 1954, elle prendra un appartement au premier étage, « l’étage ensoleillé » avec vue sur les jardins du Palais-Royal et où elle rédigera la plus grande partie de son œuvre. « Le Palais-Royal est une petite ville de province dans Paris. Le soir, on ferme les grilles à pointes d’or et nous sommes chez nous. »
Sa réputation sulfureuse conduit au refus par l'Eglise catholique d'un enterrement religieux mais la France l'honore puisque Colette est la première femme à laquelle la République ait accordé des obsèques nationales. Elle est enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise.
Photos : Le Bouquineur Sources : Wikipédia – Préface de Claude Pichois pour le tome 1 de la Pléiade consacré à Colette – « Promenades littéraires à Paris » de Gilles Schlesser –
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