Clayton Lindemuth : En mémoire de Fred
04/05/2017
Clayton Lindemuth, né à Royal Oak, Michigan, a grandi dans l’ouest rural de la Pennsylvanie. Après des études à l’Arizona State University, il s’est établi à Chesterfield, Missouri, où il travaille comme consultant financier et assureur. Quand il n’écrit pas, il s’entraîne pour le marathon ou fait de la menuiserie. En mémoire de Fred, son second roman traduit chez nous, vient de paraître.
Baer Creighton fabrique de la gnôle dans les bois de Caroline du Nord. Signes particuliers, il reçoit une décharge électrique et voit une lueur rouge dans les yeux de ceux qui lui mentent et tient des conversations avec son fidèle et seul ami le pitbull Fred. Quand son chien sera enlevé, livré à un combat de chiens clandestin et qu’on lui rendra dans un sale état proche de la mort, Baer va péter un câble et jurer de se venger.
Cambrousse, alambics clandestins, combats de chiens, rednecks, caïd local et shérif corrompu, voilà le décor de ce roman. Baer va se lancer dans une vendetta riche en suspects au départ et non moins pauvre en cadavres à l’arrivée. Sur sa liste, Joe Stipe l’organisateur des combats et sa bande de sbires mais il y a aussi Cory, une petite frappe accessoirement fils du shérif et père de trois enfants faits à Mae qu’il tabasse quand il n’a rien d’autre à faire, la fille de Ruth. Ruth que ce sont chipés l’un l’autre Baer et son frère Larry dans leur jeunesse, contentieux fatal depuis entre les frangins… Je pense que vous avez bien saisi le genre d’ouvrage.
Le sujet n’est donc pas particulièrement original et pour que le roman soit bon, il faut que l’écriture le soit. Ce n’est hélas pas le cas. Le roman n’est pas mauvais au point que je vous le déconseille, n’exagérons pas non plus, mais il s’inscrit dans la liste trop longue à mon goût, des bouquins quelconques. Je n’ai lu que ce livre de Clayton Lindemuth, je ne peux pas en tirer une règle générale, mais il m’apparaît ici comme un écrivain trop « gentil » ce qui cadre mal avec son projet de roman noir. Un roman noir écrit d’un gris pâlichon. Quand je vois que certains le rapprochent d’écrivains comme Ron Rash ou Donald Ray Pollock, je ne trouve pas cela sympa pour eux !
Aucune subtilité dans ce texte, trop d’explications dans les actions qui deviennent du remplissage, psychologie au ras des pâquerettes alors qu’il y avait matière à se référer aux tragédies antiques (je ne vous ai pas tout dit dans le résumé) et plus banal, Abel et Caïn. Donc, un gentil roman, trop édulcoré à mon goût mais qui peut plaire aux âmes sensibles qui rechignent d’habitude devant ce type de bouquin.
« Ils finissaient de démonter le mur de palettes délimitant l’arène. Dans quelques minutes, elles seraient toutes empilées sur les plateaux de leurs pick-up agressifs – par piles de quatre, maximum, pour ne pas être visibles au-dessus des ridelles. Malgré la protection d’Horace Smylie, le shérif de Gleason, Stipe souhaitait que ces rencontres demeurent clandestines : les chochottes grouillaient à Asheville et aux alentours, alors autant éviter de leur donner une occasion de pousser les hauts cris. Tant qu’un homme n’avait pas senti l’adrénaline lui galoper dans les veines au bord de cette arène, il ne pouvait mesurer la portée du service que Stipe rendait à la société avec ses combats de chiens. »
Clayton Lindemuth En mémoire de Fred Seuil - 396 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Patrice Carrer
2 commentaires
Le Donald Ray Pollock de "Le Diable tout le temps" alors car je crois me souvenir que son dernier traduit en français t'a moins convaincu...
Whaou ! Je suis très flatté d’être aussi bien lu. Tu as tout à fait raison d’apporter cette précision concernant Donald Ray Pollock, j’ai détesté « Une Mort qui en vaut la peine » tant j’avais adoré son premier roman « Le Diable tout le temps »… Ceci dit, les comparaisons entre écrivains j’essaie le plus souvent de les éviter car à moins de développer trop longuement elles sont trop réductrices : un travers dont ne se privent pas les éditeurs avec les quatrièmes de couverture !
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