Christian Kiefer : Les Animaux
20/07/2017
Poète et écrivain, Christian Kiefer enseigne à Sacramento, en Californie. Et je n’ai rien trouvé d’autre concernant l’écrivain, si ce n’est que son premier roman n’a pas encore été traduit chez nous, tandis que le second, Les Animaux, est paru depuis peu.
Au fin fond de l'Idaho, au cœur d'une nature sauvage, le refuge de Bill Reed recueille les animaux blessés. Ce dernier y vit parmi les rapaces, les loups, les pumas et même un ours. Bill est un homme à l'existence paisible, qui va bientôt épouser une vétérinaire de la région. Mais le retour inattendu de Rick, son ami d'enfance fraîchement libéré de douze ans de prison, va sacrément chambouler ses projets : fini le calme et la sérénité…
S’il vous plaît, ne partez pas déjà ! Oui, le roman est bâti sur un thème largement éculé et oui, parfois j’en ai été agacé voyant bien comment tout cela allait s’agencer. Mais ou final, pourtant, nous avons-là un roman globalement réussi et un écrivain dont j’attendrai la suite avec un intérêt curieux.
Je ne m’étends donc pas trop sur le thème, car mis à plat il est trop connu : deux amis d’enfance, deux frères pour ainsi dire (« L’idée dont ils discutaient souvent tous les deux, comme quoi il fallait veiller sur la famille. Une sorte de credo, un principe qui les aurait guidés dans la vie. »), ont connu un passé difficile et pas très honorable, dettes de jeu, bastons musclées, cambriolage, prison… je vous laisse découvrir à qui attribuer ces faits d’arme, entre Bill et Rick. Aujourd’hui, Bill s’est refait une vie simple mais respectable et quand Rick déboule à l’improviste pour lui réclamer des comptes, c’est tout l’univers de Bill qui s’écroule. L’intrigue du roman consistant à nous en dévoiler le règlement.
Si l’écrivain s’en tire bien, c’est qu’il a plusieurs atouts en main : la construction du roman est bien foutue, le passé revient par bribes dans le présent, éclairant lentement les relations entre Bill et Franck, révélant par petites touches les faits. Cette distillation mesurée affecte notre regard sur Bill, le gentil garçon d’aujourd’hui s’avère moins innocent maintenant que le lecteur en sait plus sur lui et l’on en vient même à craindre d’en savoir trop sur ce garçon si sympathique. Les notions de « le bon » et « le méchant » perdent de leur évidence.
Autre point fort de Christian Kiefer, son écriture qui passe de l’honorable au lyrique selon les circonstances. Les plus belles envolées ayant lieu quand il nous parle des animaux du refuge, et c’est aussi ce qui hausse le livre à un bon niveau, ces scènes de toute beauté sont les joyaux véritables du livre.
Donc, oui, c’est un bon roman.
« La visite du shérif l’avait troublé. Il avait attendu son départ avec beaucoup d’impatience, car une partie de lui persistait à croire que son passé allait le rattraper, l’engloutir comme un fleuve en crue, et que le policier lui révèlerait enfin la véritable raison de sa venue. Peut-être qu’il était à l’abri, maintenant. Que son passé était derrière lui pour de bon et qu’il avait eu tort de s’inquiéter autant, peut-être que le monde de la forêt était clos sur lui-même, coupé de tout ce qu’il avait connu, de tout ce qu’il avait fait. »
Christian Kiefer Les Animaux Albin Michel – 385 pages –
Traduit de l’américain par Marina Boraso
4 commentaires
Claudio:
Thanks so much for reading the book and for taking the time to write about it.
Most sincerely,
Christian
I don't believe that ! What an extraordinary and happy surprise to read you on my blog. Thank you for coming and especially thank you for this novel.
il est dans ma Pàl, il va falloir que je l'en sorte, tu m'as donné envie de le lire du coup.
Chacun ses priorités… mais ne tarde pas à lire ce celui-ci, il est vraiment bien.
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